SECONDE PARTIE

Des livres des secrets, ou Testament, de frère Basile Valentin de l'ordre de Saint-Benoît où sont répétées brièvement et en peu de paroles quelques-unes des principales connaissances et sciences du premier livre, toutefois non point seulement selon la procédure de la nature sous la terre, ains aussi comme conséquemment les métaux y sont engendrés et viennent au jour, comme l'or, 1 argent, le cuivre, le fer, l'étain, le plomb, l'argent-vif et autres minéraux; pareillement aussi comme les pierreries, aussi bien que les espèces de métal, sont colorées, teintes et accomparées à la salutaire parole de Dieu.

 

 

Table des chapitres

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CHAPITRE I : DE L'ENSEIGNEMENT DES LIEUX MONTAGNEUX, DES MONTAGNES ET DES ANTRES ; SEMBLABLEMENT DES MONTAGNES QU'ON SURNOMME MOYENNES ET DU RESTE DES LIEUX MONTAGNEUX 

CHAPITRE II : DES OPÉRATIONS GÉNÉRALES DES MÉTAUX SÉPARÉS OU DISTINGUÉS

CHAPITRE III : DE L'OR, DE SA MASSE DE PIERRE, DE SON OPÉRATION ET ESPÈCE, ET DES PASSAGES OÙ IL HANTE ET FRÉQUENTE

CHAPITRE IV : DE LA MINE D ARGENT, DE SES MONTAGNES, OPÉRATIONS, ESPECES ET SENTIERS ORDINAIRES 

CHAPITRE V : DU METAL D AIRAIN OU MINE DE CUIVRE, DE SA PIERRE, DE SON OPÉRATION ET DES PASSAGES QU'IL FRÉQUENTE

CHAPITRE VI : DE LA MINE DE FER, DE SA MONTAGNE, DE SON OPÉRATION, [SES] BÂTONS, FLOTS OU PONTS ET PERTUIS OU PASSAGES

CHAPITRE VII : DE LA MINE DE PLOMB, DE SA MONTAGNE, DE SON ESPECE ET SENTIERS OÙ IL SE TRAÎNE

CHAPITRE VIII : DE L ÉTAIN, DE SES MONTAGNES, EFFETS, OPÉRATIONS, VERTUS, CHICOTS OU BOIS RESTANT EN TERRE, FLOTS, ATTRAPES, ÉVÉNEMENTS OU PEAUX ET FINALEMENT DE SES PASSAGES, SILLONS QU'IL FRÉQUENTE OU FRÔLE

CHAPITRE IX : DE LA MINE DE VIF-ARGENT ET DE SES VEINES, SILLONS, PASSAGES OU LIEUX QU'IL FRÉQUENTE 

CHAPITRE X : DU BISMUTH, VERRE-LANCIER, SOUFRE, SALPÊTRE ET SUIF

CHAPITRE XI : DE LA COMPARAISON DE LA GLOIRE DE DIEU AVEC LES ESPECES ET NATURE DES MINES

CHAPITRE XII : COMMENT LES PIERRERIES SE FORMENT ET QUELS BÉNÉFICES DIEU CONCEDE À CEUX QUI TRAVAILLENT DANS LES MINES

CHAPITRE XIII : DE L ESSENCE DE L OR QUI SE RENCONTRE NON SEULEMENT DANS LE MÉTAL, MAIS AUSSI DANS UN MINÉRAL SUPER ABONDAMMENT, AUSSI BIEN QUE DE DEUX MÉTAUX, ET QUI SE MONTRE EN PROPRIÉTÉS ET VERTUS EXCELLENT ET OPÉRATIF SUR TOUTES LES NATURES, COMME AUSSI UN BREF APPENDICE OU CONCLUSION DE MA PREMIÈRE ET DEUXIÈME PARTIE DES CHOSES CONCERNANT LES MINES, MÉTAUX ET MINÉRAUX

 

 

 

 

 

 

CHAPITRE I DE L'ENSEIGNEMENT DES LIEUX MONTAGNEUX, DES MONTAGNES ET DES ANTRES; SEMBLABLEMENT DES MONTAGNES QU'ON SURNOMME MOYENNES ET DU RESTE DES LIEUX MONTAGNEUX

 

 

 Premièrement, il est très nécessaire à tout ouvrier des mines qu'il sache et sonde dans les montagnes les traces ou filons du métal selon leurs tours et allures, et qu'il s'imprime bien en sa mémoire la disposition de tout afin qu'en tous les endroits où il arrive il soit certainement bien informé de tout ce qu'il y a et ce, par le quadrant, même par l'aimant, en sorte qu'il sache de quel côté est l'orient, l'occident, le midi et le septentrion. Il faut aussi qu'il soit expérimenté, après avoir sondé, à connaître proprement l'une et l'autre pierre dans ses tours et allures, et pareillement où aboutit leurs sorties; qu'il ait et retienne pour une bonne instruction à examiner et retenir tant la longueur que la brièveté des montagnes, comment elles s'étendent le plus en hauteur dans une même forme et assiette. Or les formes des montagnes sont de maintes sortes. Premièrement, elles ont, d'une part, beaucoup d'étoffé d'ardoise grisâtre ou Schiefer, comme es montagnes d'argent et de plomb. D'autre part, elles contiennent des masses de pierres pâles où il y a peu de cette étoffe d'ardoise et de suif : telles montagnes se peuvent reconnaître à leur fermeté. D'autre part, elles ont des masses de pierres dans lesquelles paraissent des fleurs de Zwitter et du cuivre, et aussi des lits unis et plats avec de l'ardoise, où semblablement s'engendrent le métal et la mine de cuivre. C'est pourquoi l'on peut fort bien recueillir de la nature que, vu ses maintes formes, elle a aussi maintes cités ou endroits de fruits et productions. Il se trouve des montagnes au midi qui sont plus abondantes en leurs productions que d'autres semblables qui sont vers l'occident [et] qu'on nomme reste ou fin des montagnes, entre lesquelles il y a toujours un centre de perfection ordonné.

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CHAPITRE II DES OPÉRATIONS GÉNÉRALES DES MÉTAUX SÉPARÉS OU DISTINGUÉS

 

 

 Afin que Dieu tout-puissant, d'éternel honneur et gloire, donnât à reconnaître aux hommes les merveilles innombrables que Lui, l'unique Médiateur et Créateur nous a représentées fructueusement en toutes les choses naturelles, il a aussi de la sorte démontré et donné à reconnaître cette sienne forte toute-puissance es métaux et minéraux, afin que nous apprissions tous d'icelui ce que les douze sibylles ont prédit du clair, vrai et unique Soleil de justice et de vérité. Là-dedans reposent les douze portes des cieux et après les douze mois muablement et immuablement, visiblement et invisiblement; devant le trône de Dieu se tiennent les sept archanges et après eux les sept planètes, le soleil et la lune, etc; et les étoiles avec les sept montagnes des métaux et leurs propriétés, savoir or, argent, cuivre, fer, étain, plomb et argent-vif; en après, vitriol, antimoine, soufre, bismuth, cobalt, alun, sel; ensemble toutes les autres plantes des mines ou croissances minérales. Afin donc qu'en ces choses le droit centre ou milieu fût compris de nos sens, Dieu a parfait et accompli la première séparation, comme il est écrit : Et l'Esprit de l'Eternel se mouvait sur les eaux. Et tout le corps élémentaire a été eau; mais l'Esprit du Seigneur éternel des armées Sabaoth l'a séparé du trouble et de l'épaisseur de l'eau, et en a formé la terre et ensemble tous les fruits des métaux. Et tous ceux qui oncques furent créés et nés dans la terre ont été eau et peuvent aussi être restitués et changés derechef en eau ou en forme d'eau. Ainsi en est-il de toutes choses en tous lieux où les éléments coopèrent tant dans la terre que hors la terre, de tous leurs fruits, tant végétables qu'animés, des arbres, herbes et plantes, de toutes sortes d'animaux, de bêtes brutes, oiseaux, poissons et monstres marins, etc. Voire toute chose provient de la première eau selon l'Esprit du Seigneur et du premier Etre parfait procédant d'éternité, par lequel toutes choses ont été faites, colorées ou non, dures, petites, grandes, de molles manières et natures, comme selon les douze pierres du pectoral d'Aaron. L'homme Adam a été créé à la semblance de Dieu et du Saint-Esprit par l'éternelle Sapience et ce, par et en lui seul, suivant l'ordre de Melchisédech infus à tous les hommes. Et Dieu tout-puissant, qui est le premier et le dernier, l'auteur et conservateur de toutes choses, a posé ses dons en temps et heure, jours et ans, quand et comment ils doivent arriver et être faits suivant son ordonnance arrêtée en son conseil éternel. Icelui, dis-je, a pareillement dès lors béni son très saint Moyen, comme il avait béni Abraham, Isaac et Jacob, aussi bien que Moïse, Aaron et Melchisédech et beaucoup d'autres personnages. Et comme il avait pensé à ceux-là de toute éternité pour, selon son bon plaisir, changer en eux un terme, ainsi ce tout-puissant Dieu fidèle, par son conseil et volonté imperscrutable, a aussi, pour notre bien et entretènement en cette vallée de misères, posé et créé en même temps des bonnes mines dans la terre, lesquelles il corrige, abonnit et multiplie sans fin, de sorte que nous avons grand sujet de l'en louer, en lui rendant et témoignant nos actions de grâces. Or la clémence et débonnaire prescience de Dieu ne peut donner à la race des hommes rien de meilleur et de plus profitable sur terre, après la connaissance de lui-même et de sa parole, que la science et intelligence des choses, comme aussi les Juifs se piquaient et se faisaient accroire de n'en manquer aucunement. Mais ainsi que les différentes sortes des mines ne sont pas bien connues à la plupart de ceux qui y travaillent, de même les Juifs ne connaissaient pas ni le Messie ni la Sainte Ecriture.

C'est pourquoi les meilleures pierres es mines de la terre, avec toutes leurs richesses temporelles et perpétuelles, sont parvenues de la terre de promission des Juifs jusqu'à nous qui sommes les derniers qui en avons hérité. Et ainsi nous sommes devenus les premiers et eux les derniers, tant que le ciel leur soit ouvert derechef pour recouvrer alors la jouissance intérieure de la grâce et l'extérieure des créatures de la terre, comme sont les mines et les métaux.

Quand l'on trouve quelques pierres fertiles en ces montagnes, l'on reconnaîtra aussi qu'il y a en tels endroits sujet d'en beaucoup profiter. Et tout ainsi qu'on trouve des gommes et des résines aux arbres de la terre, dont les unes sont toujours plus belles et plus transparentes, plus dures et plus douces que les autres et [que] l'on reconnaît leur vertu facilement par l'odorat et par le goût, de même, vous autres ouvriers des montagnes, vous devez incessamment viser et chercher en simplicité le moyen d'approcher au plus près de la mine dans laquelle Dieu et la nature ont mis des sentiers si droits.

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CHAPITRE III DE L'OR, DE SA MASSE DE PIERRE, DE SON OPÉRATION ET ESPÈCE, ET DES PASSAGES OÙ IL HANTE ET FRÉQUENTE

 

 

L' or est travaillé, moyenne et opéré dans sa propre masse de pierre montée, accrue et poussée par la plus belle mère ou nature de la terre la plus pure et la plus stable ou solide, du sel le plus parfait et achevé, et semblablement du soufre et du mercure purifiés et nettoyés de toutes leurs fèces et esprits impurs. Ce métal parfait est ainsi naturellement accompli, car il se joint et s'accouple au très pur ciel naturel ou très pure substance sublimée et exaltée d'une terre blanche jaune et d'un soufre rouge, selon le naturel et influence du soleil. Et l'or est si très constant qu'il n'y a aucun corps entre tous les métaux qui soit si pesant, si haut ou relevé, si sec et si igné qu'icelui, ayant une matière aurée dans laquelle il n'y a aucune humidité qui puisse être consumée et détruite par le feu, non pas même par aucune moiteur aquatique, parce que dans l'or tous les éléments y sont liés et conjoints très également, lesquels, à cause de leur liaison et union si étroite, ont travaillé et anobli un tel corps d'une constante et perdurable fixité et l'ont teint d'outre en outre, jusqu'au plus profond de toutes ses parties toutes à la fois, d'une couleur citrine permanente par la liaison souveraine de sa terre claire et pure, comme aussi de son soufre et de son mercure très parfaits. Et sache que l'on fait avec son essence de vitriol, à l'égard des imparfaits, tout ce que le soleil fait ou opère entre toutes les étoiles. Car de sa nature il est tout auré en toutes ses parties et dépendances, et même il se produit et se laisse trouver aisément dans les routes et passages des meilleures et plus souples pierres.

Et il n'y a rien dans ce monde qui soit comparable à cette noble pierre d'or, sinon la vertu du soleil. De plus, icelle pierre d'or vient quelquefois obscurcie et souillée en quelques endroits, à cause du mélange naturel de la mine qui demeure attaché au dehors. En telle sorte que souvent la pierre où est l'or se trouve remplie de matière d'ardoise de mauvais sperme, et cette matière est de son naturel fort nuisible à l'or. Et encore qu'icelui soit doué des vertus de Dieu, son créateur, en un degré très haut, toutefois il se trouve fort rabaissé de sa dignité dans des pauvres et faibles pierres qui sont presque de nulle valeur, là où il perd beaucoup du degré de la couleur qu'il devrait avoir, comme l'on peut voir en la pierre de touche, laquelle est parfois mêlée d'argent, de cuivre, d'étain et autres pierres, ce qui toutefois peut être subtilement et adroitement chassé et séparé, en sorte que, par un moyen bien simple, cette pierre est remise en un être et état si perfectionnés que l'or en est extrait comme communément la nature l'engendre dans la mine, pur et net, et comme elle l'amène tout sec et solide au jour en le rendant évident et palpable sur quelques endroits ou passages traversés en croix, dans la profondeur des minières.

Et comme l'or a un grand avantage en sa constance sur tous les autres métaux, aussi a-[t-]il une puissance et vertu bien plus grande dans ces vastes profondeurs de la terre, dans lesquelles il trouve moyen de se glisser et s'insinuer dans de gros graviers, et même dans le jaspe qui est une pierre fine, étincelée ou œilletée de plusieurs marques ou traces. Aussi, ordinairement et non sans cause, il se trouve des graviers contenant du vitriol en abondance, lequel vitriol est aussi le meilleur entre tous les autres. Et pour cette raison, le vitriol de Hongrie est préférable à tous autres, comme on le pourrait suffisamment reconnaître et apprendre par les épreuves très certaines. Parfois aussi se trouvent dans les montagnes des écoulements ou flux métalliques de différentes couleurs parmi les pierres en quelques passages et sentiers où ils séjournent. Ce sont des sillons ou veines d'or qui se trouvent accrues au-dessous des pierres, comme fait la mousse contre la pierre. Et ces sillons d'or y tiennent si fortement qu'il est souvent nécessaire de les détacher par la force du feu, lequel il est grandement besoin de disposer par le moyen que j'ai enseigné et écrit dans la première partie de ce livre. Et ces pierres sont d'ordinaire des Zuritter et Zimsteine (ou pierre de Zim) lesquelles, ayant été poissées, sont réduites en Schlich, fondues et amollies. L'or se forme aussi et s'engendre comme des filons qui sont tous droits sur d'autres qui sont plats et unis, jaunâtres et de travers dans la montagne et dans son sable. Et ces filons s'y accroissent et poussent à la manière du fer. Et [ils] sont de couleur jaune et traversent dans le sable et dans les pierres de la montagne, en telle sorte que l'or se trouve ou [se] rencontre tout formé, attaché et comme collé dans ces pierres où il a pris croissance. Néanmoins, cela arrive toujours aux endroits et lieux où l'on travaille dans les cailloux et graviers, parfois aussi dans les jaspes de couleur de foyer, ou dans semblables pierres à feu. Parfois il se trouve dans quelques grosses pierres ou cailloux blancs, ou de la couleur d'un blanc doré, ou d'une blancheur argentine, ou semblables à de la mine de cuivre blanche, l'or se trouvant aussi attaché là-dedans quelquefois en manière de flammes; où il se rencontre même chevelu et cadenetté en moustaches ou cheveux tortillés.

L'or se trouve aussi tout formé dans les pierres à chaux et dans le spath qui est une espèce de pierre tendre, tardive et sérotine et qui, selon Lanciolus, est tachetée ou marquée de gris par œillets noirâtres, comme aussi il se trouve dans les belles et fermes pierres précieuses èsquelles il est coulé, s'y étant attaché et comme graineté. Il se rencontre aussi être tout à fait travaillé, achevé et accompli dans des routes ou passages de fer qui, par leurs doux découlements ornés de belles couleurs jaune et noirâtre et doués d'une ardeur ou chaleur aérienne, poussent l'or au dehors en le faisant paraître au jour. Il se trouve aussi dans les lieux où naissent les ardoises et ce, en de belles routes pures et même mêlées d'une pierre de corne et de matière d'ardoise bleue; pareillement, dans les sentiers de cailloux et de graviers ou arène nette et éclatante, où il devient chevelu et où il s'achève et parfait. Aussi le trouve[-t-]on dans des lieux ou places rasées, plates et unies, èsquelles, aussi bien que dans les autres endroits, l'or s'y rencontre retiré et bien travaillé [et] qui s'y est attaché en voltigeant, mêlé et marqué de taches de fer, de vertes et de grises. Parfois aussi il se trouve dans une mine carrée de fer et dans d'autres mines carrées et percées d'outre en outre. Il se trouve aussi tout fait et formé dans des sentiers bruns et noirâtres, et même il se rencontre quelques sentiers où il y a de l'or et de l'airain, et aussi du métal ou mine d'or grandement minéral et vitriolique, dont la Hongrie en tel cas saura assez parler.

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CHAPITRE IV DE LA MINE D ARGENT, DE SES MONTAGNES, OPÉRATIONS, ESPECES ET SENTIERS ORDINAIRES

 

 

La mine d'argent s'opère et forme aussi dans sa propre pierre, étant semblablement d'une nature perfectionnée et procédant d'une terre noble, d'un soufre constant et clair, et d'un sel et d'un mercure, lesquels se sont joints et liés ensemble d'un mélange si efficace que l'argent qui en tire sa naissance n'est que de quelque petit degré moindre que l'or. De là vient qu'entre tous les autres il est le métal le plus constant et arrêté et le meilleur après l'or. En sorte qu'il souffre fort peu de déchet en la fonte par le feu, d'où il sort triomphant, soit par lui seul ou soit lorsqu'il est raffiné par quelque autre. Et encore que l'argent tire sa naissance des pierres naturellement produites dans les montagnes, il suit toutefois l'influence céleste, mais surtout celle de la lune qui n'est autre que la lumière de la nuit. Pour ce aussi se trouvent en la plupart des pays septentrionaux des traces et des conduits ou passages de fin argent. Et tout ainsi que la lune à la droite obtient le soleil et reçoit sa lumière de lui, ainsi les filons, les traces et les pierres d'argent ont à la droite les filons d'or, en sorte que l'on compare à la reine Lunaria une racine dont le filon d'or est de plus en plus fortifié et recouvre ou obtient dans son mélange de grandes facultés et prérogatives qui lui viennent de la bonté des montagnes et de leurs racines. Aussi les Anciens qui en ont discouru et philosophé lui attribuent d'admirables vertus et louanges, ainsi qu'à une amoureuse fertile et à une épouse de l'or. Ce qui à juste raison se peut appliquer et être attendu du travail ou opération du métal inférieur envers son supérieur, d'autant qu'après l'or il n'y a rien de plus constant que l'argent pur et parfait. C'est pourquoi aussi les filons d'argent sont environnés dans les montagnes de veines plus coulantes, plus claires et plus blanches, comme aussi de dispositions et complexions minérales plus excellentes et précieuses que non pas les sillons et passages où croissent et naissent le soufre de mine jaune et les liqueurs, saveurs et substances rouges et jaunes de l'or noble.

La mine cuivreuse métallique de l'argent est travaillée, opérée et façonnée le plus souvent dans un être ou matrice d'or rouge. Ce qui fait qu'icelui se dégorge mieux que l'autre; ainsi l'on en peut bien tirer et avoir un certain témoignage, si l'on procède comme il faut avec ordre. De même, la mine blanche de l'or n'est colorée naturellement que de la splendeur ou lueur blanche qui vient du cuivre qui se retrouve dans les montagnes et passages ou endroits d'icelles à cause de la nourriture qu'il suce des solides substances ou causes minérales. Car dans l'airain luisant les vapeurs noires des montagnes, de la magnésie, de plomb et d'étain s'y introduisent seulement en le dévorant, rongeant et consommant, là où les minéraux qui passent et fréquentent par les routes et sillons de l'argent se recréent à souhait. Ainsi de là vient le métal d'argent, qui est le plus constant et sec de sa plus pure, propre et seule pierre non mélangée, où il s'engendre avec l'anoblissement des mauvais endroits ou places et de ses moyens et instruments. Lequel métal d'argent a beaucoup de vertus considérables dans son plus bel accoutrement et parure qui approchent au plus près de celles de l'or. Et après, par le moyen de l'influence du ciel et du changement des diverses natures et espèces des pierres d'argent, ce même métal d'argent dégénère ensuite de sa souveraine union, bonté et perfection qui s'amoindrit et [se] détruit. Après quoi ces pierres d'argent apportent et produisent non seulement des matières mélangées, des chambres et caisses de mines souillées, ains aussi de maints airains et mines métalliques dures, sauvages et falsifiées par un disproportionné mélange, et des ouvrages pierreux ou de cailloux, comme aussi des fleurs métalliques d'un cuivre jaune et noir. Ainsi l'on trouve l'un pour l'autre, comme la nature le forme et le colore. De sorte que de ces substances, l'une est plus dure naturellement que l'autre, plus sauvage et revêche et tirant davantage sur la matière d'ardoise. Et quelques-unes sont d'une forme plus large ou plus étroite, plus blanche ou d'une couleur plus bleuâtre dans leur commencement et dans leur milieu. Et même alors ces substances et fruits d'argent se trouvent fort différents, car les uns sont d'une forme bleue et les autres d'une autre forme dissemblable suivant leurs lieux et matrices, l'un plus aride et sec, ou plus beau, plus éclatant et resplendissant que l'autre. Il se trouve aussi à certains endroits, degrés et échelons, de l'or sec et de l'argent et du cuivre, comme il arrive à Cronach.

La même chose se peut voir en semblable manière dans certaines marches, degrés, allées, passages, routes et sillons qui se rencontrent es nobles mines des métaux ou chaux métalliques, comme même en celles de plomb, de fer et de cuivre artistement mêlées après leur union et conjonction. Et aussi l'on trouve souventes fois séparément sur une montagne de la mine de cuivre et sur une autre de la pierre de fer. Pourquoi donc ne veut-on pas qu'il soit nécessaire qu'il y ait de notables différences entre certaines montagnes ou pierres? Et ce, selon que la nature et l'idée de Dieu ont si glorieusement donné à connaître et ont si bien représenté aux ouvriers qui sont dans les mines? Comme, en effet, il se trouve aussi quelques sentiers, routes ou sillons d'argent dans leurs propres pierres naturelles suspendues ou gisantes, et aussi quelques autres sillons ou passages d'argent en façon de fleurs bleu-grisâtre dans des flux courants, ou eaux féculentes et croupissantes, là où il les faut quelquefois fouir et chercher du profond d'une pique, dans des endroits pierreux et de cailloux épais, avec un grand travail — et ainsi on les rencontre et découvre — aussi quelques-uns de ces sillons d'argent paraissent en quelques endroits

des montagnes, ornés et embellis de belles et agréables couleurs toutes argentées et d'un beau jaune mêlé de vert, ainsi que nous voyons les variantes couleurs de jeunes oisons. Et ces mines d'argent se trouvent tant plus bigarrées de diverses couleurs que plus elles ont été avancées et mûries.

Il se trouve aussi des sillons d'argent en quelques lieux montagneux qui sont attachés les uns contre les autres comme l'arc-en-ciel. Et l'une de ces couleurs opère toujours et s'avance par la nature plus resserrement et plus libéralement que l'autre. Et en cela la nature travaille prudemment et avec un bel ordre, comme en effet nous pouvons voir et reconnaître si nous considérons exactement ces sillons d'argent qui sortent de leurs routes et endroits avec toutes leurs belles couleurs, dont quelques-uns sortent aussi de leurs flots souterrains, de leurs ponts secrets et de leurs chambres cachées ou secrètes, selon la nature particulière que chaque particulier sillon d'argent s'est acquise dans chaque montagne.

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CHAPITRE V DU METAL D AIRAIN OU MINE DE CUIVRE, DE SA PIERRE, DE SON OPÉRATION ET DES PASSAGES QU'IL FRÉQUENTE

 

 

Le métal de cuivre est travaillé et engendré en sa propre mine, là où il est fait et composé d'un sel pur et bon et d'un soufre un peu ardent et brûlant. Et il reçoit l'impression et influence céleste dans toutes ses parties, dont il devient coloré d'un beau rouge en toutes ses parties de part en part. Toutefois, il ne demeure pas libre, ni entièrement délié de toute humidité et moiteur, laquelle il possède égale à celle du fer. Car ces deux métaux, le cuivre et le fer, sont amis et alliés de fort proche l'un à l'autre, ce qui est cause que celui-ci se transmue facilement en l'autre. Il se trouve quantité de cette mine ou métal d'airain dans les lieux de travail, remplis de ponts et de flots qui sont naturellement formés de matière d'ardoise, qui est d'une terre glaise verdâtre. Et souvent ce métal de cuivre est aperçu dans une forme et représentation d'un rouge-brun. Il paraît aussi en façon de chaux dans des lieux de travail où il se mêle avec la matière de l'ardoise, noir et jaune. Semblablement l'on en rencontre, dans des passages et sentiers de terre verdâtre et glaireuse, de deux sortes, dont l'une est un cuivre qui se trouve, par marches ou degrés et par flots ou ponts, diversifié de différentes sortes de couleurs rouges et brunes bigarrées de vert; et l'autre sorte est un cuivre qui se rencontre dans les charbons de terre, de couleur azurée et de lueur d'airain en façon de glaire, et même qui semble tirer son origine du fer, étant entouré de matière blanchâtre comme étant son aliment. La mine ou le métal de cuivre qui se trouve dans les filons et passages des montagnes est souvent riche en or et en argent, suivant la bonté des endroits, et là où il est entouré d'une pierre nommée escot ou escostain, bien assortie et conditionnée, enceinte et entourée ou enchâssée de certaines autres pierres dignes de produire de bons filons ou passages, en cas toutefois que proche de là il n'y ait point d'autres métaux ou minéraux, lesquels mangeraient et consommeraient ce qu'il y aurait de meilleur. Aussi la mine de cuivre se trouve engagée souvent dans la matière d'ardoise et dans la pierre des montagnes représentant des feuillages, ce qui par simple fonte n'est attiré dehors que difficilement. De plus, il y a des mines de cuivre qui tiennent beaucoup de fer, tellement qu'il se trouve dans ces mines de la matière cuivreuse qui n'est pas encore mûre, ce qui rend le cuivre plus ferme et moins traitable ou fusible dans la fonte d'un grand feu. Mais c'est en Orient, en Hongrie, en Bohème et en la Silésie que l'on trouve les mines de cuivre les plus riches et les plus lucratives, comme semblablement en Thuringe, en la Hesse et au Pays de la Prévôté. L'on trouve encore de pareilles mines de cuivre es environs de Frautte-naw, là où il y en a qui percent toutes les montagnes en manière de flots. D'autres mines du métal d'airain gisent dans les sables mêlés de matière d'ardoise que ces mines rompent et pénètrent violemment. Et encore qu'elles tiennent d'argent, toutefois elles en ont très peu comme étant pauvres de ce noble métal que l'on ne saurait séparer de ces mines qu'en brûlant, rôtissant et fondant. En quelques endroits et lieux se trouve de la mine de cuivre, laquelle est tout à fait frangible et est pure, nette et d'un œil bleuâtre et brun ou rougeâtre, d'un éclat de cuivre avec un vert de montagne, parfois de la couleur d'un or blanc; et c'est ce que l'on nomme un métal blanc cuivré. Mais il n'est ainsi blanc que par son mélange effectif qui a attiré à soi quantité d'argent et de plomb. Une telle mine se rompt facilement et est aussi quelquefois de couleur jaunâtre et azurée ou d'un vert pierreux; et on en trouve sur des flots, ponts ou passages, là où elle est quelquefois suspendue. On en trouve aussi dans des pierres, dans des rochers de chaux aérés et dans de grands passages, traverses ou carrefours, qui est une mine de cuivre qui aussi est frangible, ayant un œil bleuâtre, un éclat cuivreux et glaireux. Il se trouve aussi de la mine de cuivre dans des passages de pierres raboteuses et cornues. Ces mines sont rouges et brunes, mêlées aussi avec du spath blanc. Elles rendent abondamment et bien de l'argent, principalement celles qui sont dans les pierres qu'on appelle « schiefériques » vertes, qui sont toutes claires et belles et qui sont, dans les autres passages et pertuis ouverts, de couleur verte comme les rainettes ou grenouilles et en façon de feuillages. Et quelques-unes de ces mines de cuivre sont marquetées de plusieurs et différentes taches, l'une sur l'autre d'une manière extraordinaire, dont les couleurs séparées sont rares et plaisantes à voir. Cette façon de mine ainsi graduée souffre un demi-déchet en son épreuve. Il y a dans ces sortes de pierres quantité d'autres remarques assez rares, comme de petites veines blanches et de la terre glaise jaune œilletée qui est mêlée parmi.

Tous les sillons de cuivre qui rendent beaucoup d'argent ont fort peu de fleurs et sont plus solides et d'une taille ou forme plus constante et de plus de poids; [ils] pénètrent et percent puissamment et sans cesse les montagnes et sont glaireux et de couleur d'un verre rouge; et quelques-uns de ces sillons ont un œil verdâtre avec des fleurs jaunes comme feuilles d'or qui tirent sur le louche; et aucuns sont grandement couverts de vert avec un spath blanc auré, le tout selon le passage ou conduit des différentes pierres. Il se trouve aussi de riche argent tenant de la mine de cuivre pierreuse de couleur d'un blanc non auré, mais seulement d'un blanc feint et apparent comme luisant et lucide. Et cette sorte de mine est dans des montagnes sèches et creuses qui contiennent beaucoup de matière d'ardoise. Desquelles mines de cuivre, quelques-unes sont mélangées de quelques espèces de fer et bismuth, ou mêlées avec certaines pierres propres à allumer. En l'un des paux d'une de ces montagnes, ou au pendant d'icelle, est une mine qui se voit en quelques passages; laquelle produit de l'airain ou du métal de cuivre de couleur de vert de montagne; et en l'autre pendant ou penchant de cette montagne, il y a des pierres de cailloux ou des purs cailloux, le tout suivant la nature des montagnes. Et est bien à remarquer que d'ordinaire les métaux, airains ou mines de cuivre, ont un soufre mêlé en elles et tiennent volontiers de la nature des sous-métaux, ou métaux inférieurs, qui se conjoignent aussi dans des pierres et rochers.

Il se trouve des mines vertes de cuivre qui sont dans des passages ou recoins secs et arides, comme aussi dans une matière comme d'ardoise. Et telles mines de cuivre sont plombeuses, mêlées de couleur noire, peu ou nullement abondantes en argent ni en bonne nourriture. Et quelques-unes de ces mines tiennent d'un fer imparfait et d'un métal de cuivre parfait, si toutefois elles sont fort éloignées des matières d'ardoise sèches et minéraliques : alors elles sont plus riches et plus abondantes en or et en argent et ce, suivant que les pierres métalliques reçoivent ou prennent dans la montagne un lieu qui soit bon et bien disposé, car elles passent et vont volontiers contre les pierres et roches d'or et de plomb, ou contre les montagnes de mines ou métal de verre-lancier, aussi bien que proche des pierres de fer et d'argent. On trouve aussi des recoins ou passages abondants en cailloux puissants qui ont un suc minéral de vitriol et de soufre et même d'alun. Et c'est en ces lieux-là où d'ordinaire on rencontre les meilleures mines de cuivre qui sont les moins falsifiées d'autres métaux, comme aussi sont celles qui se trouvent dans les pierres de chaux et de tuf, dans lesquelles pénètrent des flots noirs contenant de bon airain. Il s'en trouve aussi dans la pierre de Schiefer, ou matière d'ardoise, qui sont de couleur verte; et ces mines sont assez riches en cuivre comme il s'en voit autour d'EyssIeben et Mansfeld. Les mineurs les nomment [selon] leurs différences et ce, fort gentiment et avec bienséance, selon leur nature. Mais ceux qui habitent dans la Misnie ne savent nullement les discerner l'un de l'autre. Comme par exemple quand ils parlent de la partie supérieure de l'argile, ils la nomment pourriture, dans laquelle aussi est la droite et vraie terre de la mine. Ensuite, quand ils viennent à discourir de la pierre, ils l'appellent ouvrage de jour; car c'est ce qui couvre toutes les autres terres qui en fin deviennent pierres tout à fait. En troisième lieu, quand ils trouvent un endroit facile, ils le nomment ouvrage de nuit, à cause qu'ils le lèvent et travaillent facilement l'un après l'autre et [qu'il] est pur et net. Après, quand ils arrivent en un lieu ou endroit difficile, ils l'appellent ouvrage de trou, à causé qu'il le faut percer et [qu'il] est la pierre dure qu'il faut qu'on rompe. Ensuite, ils viennent à la matière d'ardoise nommée Schiefer et finalement à la mine sablée ou métal qui est dans le sable sous le Schiefer ou matière d'ardoise, combien que quelquefois cette sorte de mine qui est dans le sable se trouve quelquefois à l'ouverture de la montagne dessus le Schiefer ou matière d'ardoise.

De plus, l'argent est souvent attaché au Schiefer ou matière d'ardoise avec la plus riche mine de cuivre. Il y a aussi quelques-unes de ces mines qui percent au travers des montagnes pierreuses et raboteuses ou cornues qui, en effet, ont des sillons d'or et d'argent d'une convenance et beauté particulières. Parmi lesquelles mines, on en trouve de formes différentes, ainsi que chacune est aisée à reconnaître.

Dans la Hongrie et la province de Carme, il s'y trouve ordinairement des sillons qui donnent des métaux et mines d'airain ou cuivre très souples, ployables et malléables; lesquels on paye plus cher volontiers qu'on ne fait [pour] ceux qui viennent dans tout le reste de l'Europe. Aussi, au même pays, les minéraux s'y rencontrent meilleurs, et surtout le vitriol a un grand avantage sur tous les autres, comme aussi à l'antimoine; car dans ce vitriol la nature a pris plaisir d'y enfermer si abondamment ses vertus qu'elles y sont épandues tant en son commencement et profondeur qu'en son centre et milieu, ce qui est assez notoire aux naturalistes et ce que l'expérience a témoigné très fréquemment. Je dis quelque chose d'assuré quand je parle ainsi, car si l'on avait du jugement et de l'intelligence en ce sujet ou matière, l'on épargnerait bien des frais, du travail et du temps. Car la bonté de cette matière provient seulement de ce qu'elle se trouve avoir, percé et pénétré en son commencement proche des mines d'or qui sont dans les montagnes où les terres se trouvent engrossies et enceintes de semence aurée; et ces terres s'en nourrissent comme de leur viande et nourriture en plusieurs unions ou conjonctions subtiles. Car la conservation et l'entretien des minéraux, aussi bien que pareillement leur naissance, sont tirés des métaux parfaits; et tant plus les métaux sont meilleurs et ont plus de valeur et éminence, leur opération en est plus vertueuse et effective envers les deux métaux imparfaits, Mars et Vénus. Et en cas que l'on veuille suivre comme il faut les traces de nature, ainsi que plusieurs ont fait, l'on trouvera une différence tout à fait notable entre les minéraux qui proviennent des montagnes d'or et d'argent et entre ceux qui proviennent des montagnes de cuivre. Car, soit minéral ou métal, chaque sorte a sa nature et son être particulier.

Entre les minéraux, quelques-uns sont verdâtres et blanchissent au jour, et poussent ou pénètrent près des métaux. Or leurs pierres sont pour la plupart presque semblables aux pierres de plomb, les unes plus grossières et plus massives, les autres plus libérales, douces et tempérées, et l'une plus dure que l'autre, semblablement plus brouillée ou plus verdelette et d'autre qualité.

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CHAPITRE VI DE LA MINE DE FER, DE SA MONTAGNE, DE SON OPÉRATION, [SES] BÂTONS, FLOTS OU PONTS ET PERTUIS OU PASSAGES

 

 

La pierre de fer ou mine de fer est opérée de son pierrier en la mine par la collation et secours de l'impression ou influence céleste de la planète de Mars. Car Mars trois fois grand est un puissant seigneur de la guerre, comme aussi il est un moyen par lequel on contraint beaucoup d'autres. Le fer contient un soufre qui est terrestre et impur, un sel pourri et un mercure grossier; lesquelles trois principales substances falsifient sa composition et y introduisent quantité de terrestréité. C'est pourquoi le fer est difficile à amollir au feu et porte quant et soi beaucoup d'impuretés et de crasse à cause de son mauvais soufre, comme aussi il a sur tous métaux un vif-argent ou esprit d'un rouge fort haut, lequel s'il est ôté, c'est fait du fer qui alors est abandonné et délaissé comme une terrace pourrie. Le fer aussi ne se laisse pas mêler facilement avec d'autres métaux ou joindre dans le lavoir ou dans la fonte.

La pierre de fer a trois sortes de voies pour faire sortir ou conduire dehors les parties différentes de sa mine terrestre.

Premièrement donc, la mine de fer produit la pierre d'aimant qui est un airain ou cuivre métallique vivant, lequel a en lui la nature ou la propriété d'un mercure vif. Ce qui paraît en ce que l'aimant a une particulière inclination et familiarité avec le fer, et même il est restauré, renouvelé et rafraîchi avec les éclats de bois de lierre ferrugineux dans lesquels il est gisant à la façon d'un hérisson. De plus, la pierre d'aimant est douée par la nature des influences du soleil, par le moyen desquelles elle participe de glorieuses prérogatives et vertus aimantines, en sorte que l'aimant attire le fer d'un côté et le repousse ou rejette de l'autre; lesquelles vertus peuvent être fortifiées et augmentées en lui. Enfin, l'aimant est un vrai patron et modèle d'un juste jugement; car c'est par sa vertu qu'une aiguille aimantée montre au soleil la vraie heure du jour telle qu'elle doit être, soit sur l'eau ou sur la terre.

Secondement, de la mine de fer ou du métal de fer se fait l'acier qui est beaucoup plus dur, plus purifié et plus souple que le fer — l'acier étant excellent lorsqu'il est fait d'un fer propre et doué d'une substance fine et claire qui le rend souple et resserré et bien lié en toutes ses parties, lequel acier l'on met pour l'ordinaire sur le devant ou à la pointe de tous les bons ouvrages de fer.

Tiercement, suit la mine ou le métal commun de fer qui est rempli et composé de son soufre terrestre. Lesquelles trois substances le premier naturaliste Thubalcaïn, très expert maîtres des mines, a très bien connues avec de grands avantages; lequel a travaillé en ces trois choses, suivant quoi il a aussi mesuré tout au long les montagnes en trois diverses parties, èsquelles il a trouvé ces trois sortes de mine de métal.

La pierre ou roche de fer se trouve être de quatre manières. Premièrement donc, la pierre ou mine de fer qui est colorée s'engendre sur des passages et ponts, attrapes et propres pierres, en sillons ou Rots, et imite les couleurs des quatre éléments ou de l'arc-en-ciel. Cette mine de fer a des fleurs sous chacune pierre selon son espèce et peut être brûlée et fondue et employée par le moyen de certains instruments propres et convenables. Et ainsi le fer est rendu dans un état constant pour être bien vendu. Car étant dans sa montagne, il est plein de sauvageté et superfluité qui l'empêchent de pouvoir être mis en œuvre. Et il s'y trouve de cette mine de fer qui a plusieurs figures, l'une pointue et aiguë, l'autre bossue et grossière comme le test d'une cervelle, et quelque autre est en forme de coquille ou comme de petites épines blanches ressemblantes au bois sur lequel Abraham voulait offrir son fils Isaac.

Secondement, il y a une mine de fer qui est de pierre brune, de laquelle on fait du verre de couleur de fer.

Tiercement, il se trouve une mine de fer grainée dans l'ouvrage des ponts ou flots qui est si dure que c'est tout ce qu'on peut faire de la rompre à grande peine et grande force pour en faire quelque chose. Quand la pierre ou mine de fer atteint sa perfection, on la rompt par morceaux à travers de sa roche ou montagne. Et l'on trouve des montagnes toutes remplies de sentiers de pierres de fer comme dans la province de Steyrmarck, là où telle mine de fer peut être encore vue. Mais la meilleure pierre de fer est noire ou rouge brun, semblablement parfois aussi jaunâtre, et quelques-unes sont d'un brun cerise sur des ponts ou flots; d'autres sont en parties noires et d'autres sont jaunes, ayant l'éclat d'airain, ou sont d'un brun noir, ou bien en façon et de la couleur d'un bois flotté, qui se trouvent épanchées tout le long des montagnes. Quatrièmement, il y a des mines de fer qui se trouvent dans des champs d'argile ou de fanges ou dans les sables, lesquelles mines sablées sont les moins utiles pour l'or et même par le fer qui y est trop impur et fangeux. Il y a d'autres mines de fer qui se rencontrent dans de l'argile grise où elles sont cachées en manière de Schutt; et celles-là donnent du fer le plus souple et malléable, mais un peu de couleur brune, tout de même qu'est le petit Schlich. Il paraît aussi dans les montagnes de chaux et de Tuffstein de bonne pierre ou mine de fer et celle qui s'y trouve le plus promptement est dans des allées droites parmi un sable gris. Mais en d'autres endroits moindres, il se trouve dans du Schiefer ou matière d'ardoise des pierres de fer fort grossier par petits monceaux, et même en quelques passages de ces montagnes, vers la partie d'en-haut, il s'y trouve de la pierre d'argent et aussi du vif-argent; et, dans quelques autres montagnes proches, il s'y rencontre de l'argent tout formé et pur sous des endroits concaves en façon de cellier obscur.

Il n'y a point de mine ou de métal si commun partout que la pierre de fer. On en trouve dans quelque montagne qui pénètre tout au travers de la roche; et cette pierre ou mine de fer y est de différente nature et de couleur dissemblable. Il se trouve aussi dans des montagnes de certaines pierres ou terres comme sont le Glasstuff, la pierre hématite ou sanguine, la pierre brune, l'O.semund, le bol, la pierre rouge et le Eisenschal, lesquelles toutes tiennent de la nature du fer, comme pareillement la pierre de fer reçoit ou contient en elle la nature des métaux souverains, or et argent, et des autres métaux, cuivre, étain, plomb. Ces derniers causent au fer une rudesse et discontinuité; mais l'or et l'argent lui profitent beaucoup et le rendent fort souple. Il se trouve des pierres ou mines de fer qui donnent quantité de cuivre et d'autres qui sont mélangées d'espèces de simple ou moindre métal. Aussi ces sortes de mines s'en vont et tombent facilement en pierre ou poussière, comme aussi font celles qui sont remplies de matière pierreuse ou d'une terre glaireuse ou pleine d'yeux. De cette nature sont aussi les mines de fer qui sont entrelacées de Schiefer ou matière d'ardoise noire, car ces mines donnent un fer plus grossier, opaque et rude que les autres. Tubalcaïn, premier maître des mines, a dit et observé que la pierre ou masse de pierre de fer est bonne pour en tirer profit dans la transmutation ou réduction pour des raisons importantes et considérables. Il a aussi remarqué que des mines de fer qui sont dans la pierre de chaux, on en peut tirer le fer et en faire des barres pour affermir les murs qu'on bâtit avec la pierre de chaux ou autres matières de tuf.

Les pierres de chaux qui tiennent de fer rendent de l'utilité et du profit quand on les passe au feu de fonte. Et toutes sortes de pierres métalliques de fer sont sociables et amies avec toutes les autres pierres minérales ou métalliques, dont il s'en trouve beaucoup à Mussbach — entre autres, des mines ou métal de plomb, l'un médiocrement bon et l'autre qui tient du fer et donne de bon cuivre à la fonte, laquelle il faut savoir bien faire et bien conduire. Les seigneurs et supérieurs de divers endroits sont fort soigneux que leurs sujets en soient fort bien instruits pour le bien commun et qu'ils soient experts à bien reconnaître et travailler aux bons endroits des montagnes pour en tirer et mettre au jour les mines de fer très utiles.

Aussi est le fer la première et la dernière de toutes mines, car c'est un métal important et comme le principal de tous, duquel fort peu de créatures se peuvent passer comme très nécessaire ; avec lequel on peut forcer, contraindre et acquérir toutes choses au-dedans et au-dehors de la terre. Et il n'y a personne qui puisse sonder et décrire comme il faut l'usage et service que le fer cause utilement de toutes parts, car on trouve encore tous les jours quantité d'occasions auxquelles on a besoin de fer de plus en plus. Le fer aussi acquiert par l'industrie de l'ouvrier une souplesse et malléabilité de grand service et usage, de quoi quelques-uns des Anciens ont fort bien discouru.

Enfin le fer a cette propriété que d'être attiré par la pierre d'aimant et [il] fait quantité d'opérations profitables avec le cuivre à cause de l'amitié qu'ils ont entre eux, étant tout deux alliés de fort près; semblablement avec l'or et le plomb, car par ce moyen les plus magnifiques alcalis prennent leur être et sont faits. Les autres créatures reçoivent du secours par le fer avec de grands avantages, en plusieurs rencontres de conséquence, comme les poètes ont écrit de lui, imputant et attribuant au fer maintes paraboles et des similitudes merveilleuses de différentes sortes, tellement que si l'on voulait faire un discours qui comprît et enserrât toutes les vertus du fer, sa nature et tous ses effets, il faudrait en emplir des volumes entiers avec prolixité. Mais maintenant les pierres ou mines de fer ont beaucoup décru et diminué en quelques pays où on les a fouillées et employées la plupart, comme aussi, en effet, plusieurs pierres de métaux décroissent tous les jours, excepté l'or, l'argent, le cuivre et le plomb qui gardent et retiennent en leurs mines quantité de leur substance sur l'entour de la terre.

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CHAPITRE VII DE LA MINE DE PLOMB, DE SA MONTAGNE, DE SON ESPECE ET SENTIERS OÙ IL SE TRAÎNE

 

 

La mine ou le métal de plomb s'engendre avec égalité par l'impression et influence céleste de Saturne froid et noir. Il est composé d'un soufre aqueux non cuit et d'un mercure et [d'un] sel impurs. Premièrement, le plomb est opéré en général dans la mine d'une couleur plombée, belle, subtile et d'un beau jour ou éclat. Il pénètre et perce dans beaucoup de pierres riches en or et en argent. Quantité de pierres de plomb se trouvent en des masses fort grandes et fermées et grandement larges et épaisses, pour autant que les métaux éclatants y sont mêlés avec force cailloux et marcassites, en parties vitrifiées et colorées d'un rouge blanc argenté, vitrifié, cuivré et en manière ou façon de cuivre. Quelques mines de plomb sont comme d'une manière percée à jour, ou ayant plusieurs trous, et de couleur bleue et aussi blanche. Quelques autres mines de plomb ressemblent au sel de pierre et à l'alun; d'autres sont de couleur verte obscure, semblables à des Flossen verts qui sont gisants dans une fange grisâtre ou jaune bourbeuse; d'autres de ces mines de plomb sont d'un noir brun ou rouge jaunâtre comme une couleur de Menning; d'autres sont pures, sèches et arides; d'autres sont marquetées de marques claires et aérées.

Beaucoup de mines de plomb sont dans des pierres bossues et maigres, lesquelles sont mêlées d'impuretés et superfluités étrangères. Il y a des mines ou pierres de plomb qui percent et pénètrent dans les montagnes en sillons droits et unis, quelquefois suspendus et plats. Et d'aucunes de ces mines sont formées par monceaux dans des montagnes où croît l'ardoise qui est le Schiefer, là où même se trouve quelque céruse dispersée parmi la pierre. D'autres mines de plomb aussi viennent avec un bel éclat dans la pierre de chaux et sont souvent abondantes en argent sur de puissants endroits de spath. Il y a deux sortes de spath, car les sillons d'argent ont un spath terrestre mélangé grossièrement de blanc ou auré rouge et [qui] est lourd et pesant; mais les sillons de plomb ont un spath subtil, simple, léger et miré, lequel plomb est d'une apparence comme de la splendeur qu'on voit sur les mines ou montagnes d'or. Et le spath où est ce plomb est aussi d'une façon belle, d'un blanc splendide ou resplendissant. La mine de plomb est opérée et engendrée diversement et change en sa couleur selon la forme des montagnes minérales, surtout en différentes espèces, selon la nature des montagnes qui cause au plomb plus ou moins de splendeur. Car quand le plomb est dessous d'autres mines auxquelles il est soumis par dépendance, la splendeur n'a point alors le pouvoir de s'imprimer sur le plomb si ce n'est par une manière imparfaite. Ce qui provient de la mine ou montagne, laquelle est trop dure ou bien disproportionnée par le mauvais mercure pierreux qui est étroitement et fermement enserré dans un lieu sec, aride et avorté. Mais la splendeur de la mine de plomb vient par l'amollissement ou attendrissement qui lui est communiqué par une eau dont il s'en trouve dans les sucs aurés et dans les montagnes d'étain, ce qui produit la génération de l'éclat de la splendeur ou de la marque du fer, combien que ce soit une chose qui arrive difficilement à ce métal à cause de son naturel terrestre ou de ses qualités terrestres, la splendeur duquel tient le milieu, n'étant ni trop mol ni trop resserré, et qui est radieux ou de couleur aurée blanche. Mais il s'échet que c'est des meilleures montagnes de métal ou mines d'or que proviennent les vraies et droites splendeurs de plomb peu mêlé avec les autres métaux. Et s'il s'y trouve quelques-uns des autres métaux qui aient de la splendeur, ils peuvent avoir et retenir la préférence et le dessus sur les simples sillons de plomb, quoique souvent le plomb est uni et joint avec l'or, tellement que les pierres de plomb sont mêlées. Car les pierres des montagnes de plomb sont beaucoup plus étonnantes et émerveillables avec des cas et événements tous particuliers que beaucoup d'autres.

Ainsi sont doués par le Souverain tous les métaux comme ici particulièrement le plomb par sa splendeur et son éclat, suivant l'imagination ou impression céleste, tellement qu'il faut que les autres métaux soient soumis et sujets au plomb, lequel éprouve les supérieurs avec leurs fruits essentiels. Car le plomb ne se mêle volontiers de son naturel avec un autre métal, ni aussi ses qualités pierreuses ne se mêlent point avec le tronc, [les] racines et feuilles des autres pierres de la terre. De sorte qu'ainsi le plomb est le souverain, selon son degré et pouvoir, avec un singulier mipartissement en toutes ses œuvres, dans lesquelles il se fait voir clarifié avec une âme noble et transparente. De plus, il court et coule par sa douceur dans l'antimoine jusqu'au plus profond, y allant purifier l'or qu'il aime seulement sur toutes choses et ce, non pourtant sans un juste sujet. Et encore que le plomb soit d'une grande pesanteur, il fournit toutefois les remèdes les plus faciles et aisés à toutes choses, et entre autres au sang mélancolique.

Tout ainsi que les astres célestes sont inégaux ou dissemblables en leurs influences et que les nuages qui leur sont inférieurs sont de toutes sortes de couleurs, de même aussi en est-il des mines ou du métal de plomb. Car l'un est plus souple et meilleur que l'autre, comme témoigne en effet l'Angleterre et aussi Villach qui a ces mines de plomb particulières. Et quelques-unes de ces mines sont mêlées avec d'autres pierres, surtout avec de l'argent, du cuivre et du fer. D'autres mines de plomb donnent et rendent quantité de pierres légères et un plomb trop dur pour les ouvrages ordinaires.

Mais il y a des mines de plomb qui abondent en or, comme dans la Hongrie, où sont les métaux les plus dignes et excellents. Et ces mines donnent moins de peine et de travail pour les tirer dehors que d'aucunes autres mines fâcheuses et mal conditionnées, étant pleines de cailloux métalliques et de sucs crus et non mûrs qui se joignent avec les sables et liaisons de la mine de plomb.

La splendeur du plomb, ou le plomb qui a de la splendeur, donne au potier de terre de quoi faire une belle plombure verte sans mélange, en sorte qu'il ne se fond pas tout en plomb. Or quand on trouve un caillou mêlé et dur et de couleur de fer plombé à demi, on en peut faire de beaux ouvrages. C'est pourquoi du métal de plomb du plus souple et maniable l'on fait de fort beaux verres. Et l'on s'en sert aussi à éprouver et fondre et faire couler dans la fonte les métaux, airains et mines qui sont crues, revêches et rudes, [et] qui autrement ne voudraient pas se fondre ni couler.

L'on peut aussi par le moyen et mixtion artificielle du plomb apprêter et mettre en œuvre les fleurs de métal et les réduire à une splendeur et apparence égale à celle qui est naturelle au fin métal. Comme aussi l'on peut par le plomb tirer des cailloux métalliques leur vertu et propriété magnifiques de ce qu'ils contiennent de métal parfait, ce qui est utile et de grand service à tous les hommes.

Or où le plomb est rencontré par monceaux et mélangé dans les pierres d'ardoise, là il recueille et suscite de nouveau les cuivres les plus constants et durables ; comme aussi se tirent de telles pierres le vitriol et le Gallmei, comme Goslar a semblablement fait de la résine. Mais de tous les plombs, c'est celui d'Angleterre et de Villach qu'on aime le mieux.

Comme l'homme ne se peut passer d'aucun de ses membres corporels, ainsi, selon l'ordre prescrit de Dieu, les montagnes à peine peuvent-elles subsister sans métaux. Et si les hommes se servaient bien adroitement de l'usage des métaux, tout serait sans défaut et l'on jouirait de toutes ces nécessités et besoins. Et si ignoramment l'on dissipe et perd telle commodité ou trésor on en [n'] aura plus de profit. Car comme par industrie et bon jugement l'on fait une chaîne ou instrument convenable qui attire l'or et l'argent hors de leurs fentes ou sillons, ainsi l'on peut par art distiller et tirer des métaux et minéraux un esprit particulier, invisible et puis visible, qui monte par le bec de l'alambic.

Et c'est ce même esprit que la nature réduit en eau et [qu'] après elle durcit et fait en glace dans la terre sur ses sillons et coulants ou passages. Ce qu'on peut bien croire et imaginer être une marque assurée par laquelle chacun doit reconnaître que cet esprit métallique est une vague ou eau de plomb, et une preuve certaine que les sillons de plomb en sont faits et engendrés, soit qu'ils aient des infusions d'autres métaux ou qu'ils n'en aient point; car tant plus agréable et meilleur en est le plomb.

Mais entre tous les sillons de plomb, les meilleurs et les plus constants sont ceux qui se trouvent dans une pierre d'eau en de certains lieux qui sont remplis de Schiefer ou matière d'ardoise écaillée de couleurs bleues ou qui est grisâtre et marquée de matière formée en carrés longs ou formée en cercle tortus et grossiers, parmi lesquels passent des sillons de plomb suspendus et pareils à des édifices ruinés, comme aussi peu différents de ceux des mines d'argent. Quelques montagnes de plomb sont aussi composées de Schiefer ou matière d'ardoise ressemblant à du suif et remplie de boules rondes mal unies. Et en ces montagnes, il s'y rencontre des mines de plomb abondantes en argent.

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CHAPITRE VIII DE L ÉTAIN, DE SES MONTAGNES, EFFETS, OPÉRATIONS, VERTUS, CHICOTS OU BOIS RESTANT EN TERRE, FLOTS, ATTRAPES, ÉVÉNEMENTS OU PEAUX ET FINALEMENT DE SES PASSAGES, SILLONS QU'IL FRÉQUENTE OU FRÔLE

 

 

La mine ou le métal d'étain s'opère et s'engendre dans une pierre de sable avec égalité par l'influence et impression de Jupiter. L'étain a un soufre noir, obscur, brun ou de couleur de pourpre, grisâtre, noir luisant et mélangé d'un peu de sel et de vif-argent, avec lequel sont d'ordinaire entremêlés les Brodem sulfures, grossiers et discordants, qui s'incorporent l'un avec l'autre et lient l'étain dans sa mine. Duquel Brodem disconvenant chaque étain devient froissé et plein de rompures, tellement que c'est à cause de cela que l'étain fait dégénérer et rend frangibles, frêles et cassants tous les autres métaux qui sont fondus avec lui. Cet étain froissé se trouve de trois sortes et de couleur différente, savoir l'un qui vient par sillons, qui est marchand et de bonne vente; l'autre est nuageux, et le troisième vient par morceaux. Il y a aussi trois sortes d'étain de Wilidnuss : l'un plein de grumeaux et de bosses, l'autre plein de fentes et de crevasses et le troisième glaireux ou rempli de cailloux et marqué comme cicatrices et marques de fer —ce qui est cause que l'ouvrage que l'on fait d'icelui est dur et rude. Et de cet étain, il y en a qui est noir ou d'un brun de Schiefer ou de matière d'ardoise ou bien jaune. Les montagnes de sable ont dans leur enceinte force sillons, ruines, passages ou rayons de métal d'étain dans des espaces plats et unis, droits, puissants et larges qui se découvrent ou paraissent au jour par leur sable d'étain. Et de cet étain, l'un est propre pour être moulu et en faire des ouvrages de peinture et est riche et bon. L'autre est plein de cailloux et est glaireux et [il] est nécessaire, pour s'en servir, de le séparer par la fonte. L'autre a quantité de talc et est comme du suif et de couleur argentée, et là il se nourrit et s'arrête ou se loge volontiers. L'autre perce dans la montagne et paraît bleuettant ou étince-lant et tacheté de marques de fer. L'autre passe dans des pierres dures trouées à jour que l'on ne peut détacher de là que par le feu qu'on fait dessous ces pierres. L'autre vient dans des pierres douées et tendres, d'où il se laisse prendre aisément, et a un fort bel œil ou éclat. Et de cet étain il s'en trouve de plus abondant l'un que l'autre, et ces deux sortes paraissent proches en même lieu, entassées en manière de grappes ès-quelles sont accumulés les opérations, effets et vertus naturelles de la mine, d'où l'on peut tirer salaire et profit très vite. Ainsi d'autant que Jupiter est le puissant maître et seigneur de l'étain, aussi a[-t-]il un siège puissant, qui est une montagne grande et puissante dont se tire l'étain par monceaux apparents. Car l'étain a cette nature et propriété en lui qu'ordinairement il se découvre et fait voir au-dehors par les fleurs visibles qu'il produit et par l'ouvrage ou matière savonneuse qu'il pousse au-dehors par son germe ou vertu, d'où proviennent les lieux à laver par les savons d'étain. Car le métal d'étain ne croît point dans les sables de la terre et, de plus, c'est que l'étain est abondant en ces montagnes èsquelles le corps d'icelui est assis et posé comme sur le siège de son trône et comme sur son marchepied, là où il jouit de deux sortes de gouvernement, seigneurie ou régence.

Premièrement donc, l'étain se confine et tient sa demeure dans le Schiefer ou pierre d'ardoise et dans les autres pierres pesantes qui sont gisantes alentour de lui, èsquelles son autorité et vertu s'augmentent. De sorte qu'il n'est pas opéré ni façonné pour un peu seulement, ains souventes fois en quantité et puissance fertile sur des pierres bleuâtres en veines et en sillons, comme ceux qu'on laboure sur la terre, qui s'accostent et se joignent ensemble dans leur propre centre ou Schiefer, là où ces sillons d'étain se resserrent et s'amoindrissent en s'y enfonçant. Mais d'autres sillons paraissent obscurs comme des nuées ou air nubileux, lesquels ensuite dardent de tous côtés et percent ou penchent les pierres et puis les rompent et cassent pour se produire en vue. Ce qui arrive souvent à l'étain, car il a en lui cette vertu bénigne qu'il ne méprise aucun lieu de retraite ou logement; et quelque pauvres ou peu apparentes que soient les pierres des lieux convenables, soit qu'elles soient rouge brun, fraîches ou pourries, larges ou étroites, il s'y ajoute et s'y empresse et se fourre là-dedans pêle-mêle et ne s'en laisse point chasser par ses semblables, ains il s'y fait grossier, petit, grand, doux, privé, subtil et maniable ou malléable; et on le choisit comme on le désire et veut avoir. Et tout cela arrive naturellement ainsi qu'on peut voir à Bruhriich où l'étain de diverse sorte est facile à trouver. Secondement, l'étain se confine ou s'engendre volontiers aussi dans les mines ou pierres d'argent et de fer; de sorte que l'étain et le fer sont alliés dans quelques mines particulières, comme aussi l'étain se trouve dans un puissant et constant métal d'argent et de cuivre. Et ainsi on le peut reconnaître et trouver parmi telles mines par des marques assurées et convenables. Or, dans ces mines d'argent et de cuivre, l'étain qui s'y engendre est le meilleur et le plus souple, selon toutefois qu'il se trouve éloigné des veines pierreuses ou des cailloux et moins mêlé de marques de fer et surtout des pierres cuivreuses. Car alors il ne se peut séparer par le feu que très difficilement, et même les ouvrages qui s'en font sont rudes et durs et ne peuvent avoir au-dedans un beau grain ou bel œil.

En après il y a quelque sorte d'étain, qui est si doux dans les cailloux ou pierres que, par le feu ou épreuves ordinaires, il déchet seulement de quelque chose. C'est à savoir de quelques soufres impurs; car les matières sulfurées qui sont dans les cailloux sont sujettes à s'exhaler, ne pouvant pas supporter les grands feux; et quand elles se sont exhalées, alors l'étain métallique demeure et reste pur et net.

Ces soufres impurs se reconnaissent à la fumée blanche et grossière qui est attachée aux grilles du fer du fourneau. Car l'on ne saurait faire ces fontes d'étain que les ferrements n'en soient tout rôtis, grillés et gâtés, à cause de la grande force des soufflets qui sont conduits par le mouvement violent de l'eau. Ce qui est cause fort souvent que l'étain en reçoit beaucoup plus de déchet qu'il ne devrait, [ce] dont les ouvriers s'étonnent souventes fois quand ils s'en aperçoivent. Si toutefois ils ont d'excellentes mines ou pierres d'étain peu sulfureuses, ils gagnent beaucoup en leur fonte qui leur donne et produit au jour de bon métal d'étain.

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CHAPITRE IX DE LA MINE DE VIF-ARGENT ET DE SES VEINES, SILLONS, PASSAGES OU LIEUX QU'IL FRÉQUENTE

 

 

La mine de vif-argent se forme dans ses propres pierres de montagne et est de la nature des êtres ou substances salines, et d'une terre subtile, agile et volatile, et d'une oléaginosité ou matière huileuse, moite, aqueuse et engraissante et limoneuse, qui vient à être mêlée avec la terre cuite la plus subtile et sulfurée, rouge, avec une liaison faible et facile, ainsi qu'un fruit agréable et non mûr de tous et un chacun des métaux. Le vif-argent montre sa vertu en quantité de sujets fort merveilleusement. Et par sa nature, vertu et force opérante effective ou efficiente, il a communication et familiarité avec les minéraux et avec les soufres métalliques, aussi bien qu'avec les métaux qui se confinent ou se trouvent dans les pierres de verre-lancier ou antimoine. Il se trouve aussi volontiers es endroits ou lieux des montagnes d'étain qui sont gisantes plus haut que les veines d'argent. Pour avoir le vif-argent, il est requis de quantité d'opérations efficaces et laborieuses, aussi bien qu'aux autres métaux et mines d'airain. Car il se trouve embarrassé et multiplié dans d'autres pierres étranges où il est empressé et même mêlé à travers les sucs des minéraux et des métaux qui sont amis l'un de l'autre. Et ce mélange cause et produit quantité de monstres étranges de nature ou des croissances et naissances merveilleuses, ce qui rend le mercure agréable aux métaux et est cause que les orfèvres le peuvent amalgamer avec l'or pour en dorer. Il se fait aussi du vif-argent des couleurs métalliques propres en huile et à détrempe, et un sublimé pour la santé et pour ôter le poison le plus mauvais. Et [c']est un vrai paillard et voleur par son habileté et vivacité et [il] comprend en soi beaucoup de vertus qui lui sont intérieures et naturelles et récompense avantageusement la peine et les frais qu'on a employés après lui. Mais si on le peut surprendre suivant la nature, soit mort ou vivant, il obéit à un chacun. De plus, le vif-argent fait et sert beaucoup en la médecine, surtout à des plaies et maux qui sont extérieurs. Il est méchant avec les méchants et bon avec les bons et n'est pas ami de tout le monde, bien qu'il fasse ce qu'on désire de lui. Les maux de sa pierre sont d'une même sorte de naturel, d'une terre pure, de Schiefer blanc tirant sur le bleu, avec des cubes ou carrés blancs, frais et mêlés de bluettes ou étincelles; ou quelquefois il se trouve dans une matière fangeuse grisâtre, resplendissante et pleine de trous, qui est gisante en-bas parmi le Schiefer ou matière d'ardoise en façon de petits flots ou rades, et qui près des veines des métaux est mêlée de marcassites qui s'y sont engendrées avec une substance comme de suif blanc, la plus subtile et la plus délicatement nourrissante qu'on puisse dire. Ces marcassites croissent, de deux façons et manières, dans des veines droites et dans d'autres qui passent de travers contre les flots. Et dans icelles est formée et engendrée la mine de vif-argent le plus beau de couleur et lueur, rouge, non dissemblable au soufre rouge des montagnes; et ce vif-argent court parfois, tort à fait sec et aride, hors des autres matières qui procèdent de veines ou sillons métalliques et se rencontrent l'un auprès de l'autre dans des bourbiers marécageux ou aqueux, en sa forme ordinaire d'argent-vif comme le témoigne en cette sorte sa semence naturelle vivante ou mourante.

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CHAPITRE X DU BISMUTH, VERRE-LANCIER, SOUFRE, SALPÊTRE ET SUIF

 

 

 Le bismuth se forme dans sa propre pierre en la montagne et n'est pas entièrement délié ou détaché de la pierre d'argent ou de la pierre d'étain. Car il provient vraiment d'un vif-argent non perfectionné, net et pur, d'un sel d'étain et d'un soufre d'argent le plus coulant, comme aussi d'une terre cassante non sujette à être mêlée, et en partie d'un soufre cru coulant, et en partie aussi d'un soufre propre à être mêlé grandement sec, suivant que, selon sa naissance, il recouvre encore une mère ou matrice. En après il devient un bâtard et d'une nature rude et rompante.

Le bismuth se joint volontiers avec le vif-argent et est ou se forme naturellement de deux sortes. L'une est coulante et métallique dès que l'on le fond en la halle des forges avec du bois sec, fermé, enserré ou mêlé avec de la terre grasse; et ce bismuth-là donne et rend quantité d'arsenic. Mais l'autre sorte de bismuth est d'une nourriture déliée et subtile, car il demeure en une substance non mûre. Il donne aussi de l'arsenic, un soufre impur et une matière constante et ferme. Et [ils] sont tous d'un bismuth d'argent. L'antimoine ou verre-lancier est opéré et fait d'un mercure parfait, d'un peu de sel et d'un soufre coulant, grandement aqueux, bien que de sa nature il paraisse noir et semble être du verre-lancier en sa forme extérieure. Il a toutefois la propriété de rehausser l'or et de le purifier en sa plus noble nature. Il fait aussi beaucoup de bien à l'homme en quantité d'ouvrages artificiels. C'est pourquoi, sans considérer la couleur de l'antimoine, il faut avouer qu'il mérite beaucoup de louanges à cause des puissantes vertus qu'il contient dans lui-même; car un excellent maître ou artiste peut tellement le clarifier et affiner qu'il en tirera naturellement de très bon or. Il en peut aussi extraire de l'huile rouge comme sang pour servir à quantité de grandes maladies, et aussi il le peut réduire en un beau verre transparent. Et pour ce, l'antimoine peut être dit un métal noir formé d'une fumée ou vapeur crue et non mûre.

Il est semblable à la majesté glorieuse de Dieu qui n'a aucun égard à l'apparence des personnes et qui donne de grandes vertus et connaissances à des personnes dépourvues de toute apparence.

Le soufre rouge des montagnes se trouve dans les provinces de Tyrol, Tonawits et Engadine. Il rompt, perce et pénètre dans une pierre de Schiefer bleu noirâtre, et il a des innombrables vertus, propriétés et effets singuliers et permanents, et tient cachée dedans lui une grande pureté et est par sa couleur

presque semblable au métal ou mine d'argent ou de cinabre rouge d'or ou auré, la rougeur duquel est tout à fait belle et agréable et luit par le dehors.

Le sel a sa vertu particulière; il transperce et pénètre, et contregarde de [la] pourriture, car il a un noble esprit en lui. Et [il] serait très nécessaire que quelques-uns ne fussent point le plus souvent si négligents à saler et ne laissassent empuantir et pourrir les matières, lorsque avec si peu de soin ils prennent garde aux nobles dons du cher ouvrage des mines, lesquelles le salpêtre des vieilles parois moisies approche, gâte et envahit.

Le talc est un soufre cru qui a pris croissance dans les montagnes. Il reluit dedans et dehors. Il n'est sujet à brûler non plus que de l'or et de l'argent. Il se plie et courbe et est très transparent comme du verre. On l'appelle soufre et argile. Il se maintient dans le feu sans pouvoir y être consumé comme l'alun déplumé. Il s'engendre dans des rochers ou montagnes et lieux pierreux de travail. Il sert à la graduation des métaux.

Il y a un singulier avantage, profit et artifice à se servir de chaque métal, minéral et sel qui sont départis, discernés et distingués chacun par son nom séparément, comme le maître qui fait les verres sait donner le nom particulier à chacun et les former différemment, faisant des verres de table, des flacons, bouteilles, Kûrbis, Kolben, couvercles en chapiteau, Vorlagen, pélicans, tasses, gondoles, écuelles, verres à vin, entonnoirs et quantité d'autres sortes de vaisseaux qu'il forme et façonne à son plaisir, soit plies ou en arcade, enflés, petits, grands ou longs, ainsi qu'il lui plaît.

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CHAPITRE XI DE LA COMPARAISON DE LA GLOIRE DE DIEU AVEC LES ESPECES ET NATURE DES MINES

 

 

 Tout ainsi que la gloire céleste de Dieu et le Soleil de justice nous a éclairés et s'est apparu à nous spirituellement ou d'une manière spirituelle en son très cher fils, notre Seigneur, et unique fils engendré, Jésus-Christ, pour l'avantage de la rédemption de la nature humaine, laquelle gloire le prophète Isaïe a vue et prédite en l'esprit du Seigneur plusieurs années auparavant, contemplant cette gloire comme deux chérubins et séraphins ayant six ailes, desquelles ils volaient en chantant devant la face de Dieu : « Saint, Saint, » Saint est le Dieu, le Seigneur éternel des armées, » sabaoth, son honneur a rempli tout le monde. » Lequel prophète a vu le Seigneur, le tout-puissant des puissants sur tous seigneurs, et icelui a reconnu un dieu en une essence, trine en personnes, et que d'un noble chaos Jésus-Christ devait couler comme une fontaine de vie de miséricorde et de justice, ainsi que Dieu a fait advenir en l'arbre de la sainte croix où du côté de son cher fils découla sang et eau; à quoi le Seigneur ajoute le feu, la fumée et la vapeur en l'Apocalypse de saint Jean. Cette liaison-de trinité a pris croissance dans le Verbe divin dès le commencement, en toutes les créatures; et ce que Dieu, la Sainte Trinité, a jamais créé subsiste en ses trinités et essences avec Dieu en éternelle trinité comme la dernière et invisible. Il y a dans l'humanité alpha et oméga en l'eau et au sang pour une éternelle mémoire. C'est la première et dernière lettre. De même comme dans le céleste, ainsi dans le terrestre l'accomplissement de l'alpha ne peut être divisé tant que tout soit accompli depuis le commencement et jusqu'à la fin. Et le Seigneur Jésus-Christ purifie ses amis encore pour la vie éternelle, par l'eau et le sang : « Tes péchés te sont par-» donnés, ta foi t'a sauvé; personne n'est sauvé » sinon qu'il soit né de nouveau, c'est-à-dire par » l'eau et le sang. » Ce qui purifie et nettoie non seulement les créatures humaines, ains aussi le limbe entier sur terre. Car ce n'est pas du sang et de l'eau métallique, ce n'est pas aussi en façon quelconque du mercure et du soufre. Aussi ne se forme, façonne ou opère[-t-]il point sans terre dans le corps d'icelle aucun argent ni or en mine ou métal rouge sanguin ainsi qu'il se voit à l'œil.

Cela est prouvé par la nature du sang et de l'eau sortis du côté de Jésus-Christ et répandus pour le salut de l'homme.

Ainsi proviennent toutes les pierres des mines ou métaux, c'est-à-dire d'un simple élément de la terre. Et l'esprit de toutes pierres vient d'une essence divine, comme aussi les esprits célestes en sont remplis. Le trône de Dieu est rempli d'anges et d'esprits divins à la louange de Dieu; aussi est la terre remplie et créée avec des pierreries, veines et sillons, à la gloire de Dieu et prospérité de ceux qui cheminent selon la sapience divine et elle [les] pourvoit de fruits infinis et continuels.

D'où viendrait donc aux hommes le déchet du travail qu'ils emploient aux mines? Point autrement, sinon comme quand les yeux furent retenus aux chers apôtres, en sorte qu'ils ne reconnaissaient le Seigneur en son être ou corps clarifié. Ainsi les hommes ne sont pas aussi capables de bien connaître les mines. D'où vient que saint Jean en son Apocalypse parle du feu et de la vapeur? Certainement il n'avait pas entendu dire la vapeur, le feu et la fumée du four ou du fourneau; ains le feu, les nuages, fumées et vapeurs célestes qui s'élèvent de l'humidité de la terre dans les nuées lui ont été déclarées et découvertes; comme aussi dans les travaux de dessous la fumée ou vapeur du métal et dans leur feu et leur froideur d'où les vertus opératives procèdent, les exhalaisons et esprits sont éveillés à ce qu'ils puissent parvenir à une parfaite union.

Or la terre ne contient-elle pas une vapeur de feu et des fumées? Aussi il faut que beaucoup de natures en soient plantureusement extraites et produites; autrement il n'y aurait aucun métal dans la terre. Comme l'élément du feu pénètre dans les airs et que le ciel est entouré de nuées et la terre remplie de feu, et qu'un élément est environné de deux autres, de même en est-il en la première création par laquelle la terre est remplie de ses sillons et veines de métal à la façon d'arbres fruitiers pleins de fruits que Dieu le Seigneur a plantés dans le paradis terrestre ou de la terre, laquelle est aussi remplie de feu opératif duquel la fumée et vapeur est accomparée au mercure, soufre et sel, à l'eau de la mer où la terre est enclose et retenue ou cachée, comme le trône souverain de Dieu est environné des autres trônes et demeures célestes.

Or comme les quatre Évangélistes du Nouveau Testament sont témoins de l'alliance divine avec l'humanité, ainsi sont-ils le type, la forme, la figure, le modèle, l'exemplaire et l'assuré témoignage des quatre éléments et que la terre est créée suivant le saint ciel. Car ainsi nous enseigne le pater noster à prier : « comme au ciel, ainsi en la terre soit faite la volonté de Dieu » qui est partout, et dessus et dessous. Tout a été fait par lui et tout est devant lui, comme le saint David ne se pouvait cacher de devant Sa face.

Comme aussi Dieu saint et béni a posé en quatre qualités d'éléments sa créature dans la terre, ainsi ceux qui travaillent aux mines doivent, s'ils sont entendus, ouvrir les yeux et bander leur jugement à connaître les routes et les antres des mines, minéraux et métaux et ils en acquerront de l'honneur avec grande louange et un renom perpétuel. Or comme le métal de l'or apparaît en sa magnificence et splendeur quand il est tiré, extrait et mis à part hors sa pierre ou mine, aussi peut-on de cet or en faire une huile qui vaut mieux que tous les baumes et qui maintient bien fort l'homme en une santé parfaite et longue vie, parce que l'or ainsi réduit en liqueur est [un] vrai or végétable, potable. Et encore bien qu'il se peut faire que de l'or on en préparât des médecines ou remèdes excellents pour l'homme — à cause que l'or est la meilleure substance que Dieu tout-puissant ait créée dans la masse de la terre d'où aussi le genre humain a été créé, comme aussi l'univers tout entier —, toutefois l'or n'est encore qu'une masse ou un corps réductible, duquel un savant philosophe peut extraire et faire une notable et souveraine médecine plus efficace que ne sauraient faire tous les docteurs médecins communs, dans laquelle médecine on doit apercevoir une grandement bonne et suave odeur, comme celle que Dieu permet [de] provenir des deux luminaires qu'il fait éteindre sur son autel pour une offrande, selon sa volonté, par l'adresse des hommes.

Ne voit-on pas bien que personne, même les docteurs aveugles, ne saurait rien apercevoir, ni reconnaître la manière pour faire cette noble médecine qu'ils ne désavouent pas se pouvoir faire de l'or? Car même presque tous les médecins, quand ils désespèrent de toutes choses et qu'ils voient qu'aucune confection, sirop, plante, herbage et potion ne peut remplacer ni remettre la santé, ils ont recours aux métaux dont ils ne se servaient pas auparavant dans leurs onguents. Et c'est de quoi je fais ici mention à l'honneur de ceux qui sont les plus savants d'entre les ouvriers des mines, lesquels savent fort bien par leur profonde science tirer de l'or une médecine incomparable.

Car ce n'est de l'or et de l'argent seulement que l'on travaille et bat des florins, que l'on en fond et fabrique des joyaux. Mais ils servent bien aussi à plusieurs choses pour servir utilement à la santé du genre humain. Ainsi, selon que le métal est plus noble, comme est l'or, sa vertu est toujours plus grande et opérante que dans celui qui vient après, comme est l'argent, et ainsi consécutivement jusqu'au dernier. C'est en la même manière à l'égard des minéraux que leur vertu est plus grande en l'un qu'en l'autre, comme premièrement au vitriol, puis à l'antimoine ou verre-lancier, puis au soufre, alun, sel et semblables — ces choses minérales étant aussi la viande des métaux, ainsi que le pain du ciel à ceux qui étaient dans le désert. Mais comme ces médecins se retirent et ne prennent pas facilement les métaux pour s'en servir, il leur est arrivé, ainsi qu'aux païens chrétiens, qui après avoir reçu le pain du ciel et avec icelui les royaumes de la terre et le don des mines métalliques, se sont mis et exposés à la halle ou place publique, pour y adorer le veau d'or, ainsi qu'au commencement de mon livre des mines ou montagnes, j'ai amplement décrit lorsque j'y ai traité des fossiles de la terre.

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CHAPITRE XII COMMENT LES PIERRERIES SE FORMENT ET QUELS BÉNÉFICES DIEU CONCEDE À CEUX QUI TRAVAILLENT DANS LES MINES 

 

 

Il se fait une coagulation et enfantement des espèces de pierres précieuses dans leurs logettes, bâtons et sillons, sans fumées ni matières moites ou humides. Ces pierreries proviennent de la substance de la terrestréité toute la plus accomplie, la plus illustre et la plus noble de la terre, avec le mélange d'un très riche mercure, soufre et sel. Et c'est de là, dis-je, d'où procède cette coagulation des diverses sortes et espèces des pierres précieuses, tant de celles qui sont rondes ou orbiculaires que celles qui sont nouées ou entrelacées de bosses constamment bien liées. Et ainsi la plupart des pierres précieuses se rencontrent de figure ronde ou de forme de Zinke, autrement de buccine, quelques-unes desquelles sont transparentes et lucides. Et toutes se rencontrent de couleurs diverses.

Or l'on ne trouve pas beaucoup de ces montagnes-là dans lesquelles s'accomplissent ces nobles enfantements. Aussi ces pierres précieuses ne poussent pas leurs routes en façon de sillons ou veines. Toutefois elles s'engendrent dans leurs centres et milieux, qui se trouvent innombrables, avec quantité de monstres de nature et naissances ou croissances merveilleuses, rares, extraordinaires et délicates. Et c'est pourquoi toutes les pierres précieuses viennent en lapilles ou pierrettes, parce qu'elles tombent et coulent par gouttes dans des pierres ou terres les plus dures, les plus nettes et les plus pures. Ce qui fait souventes fois qu'une petite peau se trouve formée et crue à l'entour d'icelles, comme l'on voit aux pierres des animaux. Et tant plus nobles sont les pierres précieuses, tant moins se rencontrent-elles; mais tant plus elles sont grossières, crues, imparfaites et mélangées, tant plus en trouve[-t-]on, comme il se peut voir en la suite, génération ou généalogie des grenades. Qui est-ce qui jusqu'ici a pris soin de s'informer et de chercher après ces glorieux bénéfices de Dieu de ses autres créatures naturelles qui sont des esprits vivants et corporels? Voici ce qui en est : ce sont les Pygmées ou nains qui es temps passés faisaient leur demeure dans les cavernes ou lieux creusés des montagnes et y menaient et logeaient tout leur train ou ménage. Ils n'ont eu défaut d'aucune science ni d'adresse; ils ont fréquenté tous les coins et cachettes des montagnes.

Or ces pierres précieuses sont et doivent être estimées plus nobles que les métaux, d'autant que les lieux où elles s'engendrent et croissent sont dans une situation plus voisine du ciel que les pierres du métal. Car les montagnes ou lieux èsquels les-dites pierres précieuses viennent, se confinent ou s'avoisinent au paradis dans l'Inde et autres pays du Levant, selon les anachorètes. Et en quelques-unes de ces montagnes qui traversent dans les campagnes se trouve aussi de l'or avec les pierres précieuses; et même il y croît des plantes aromatiques et des épiceries de prix, à quoi personne ne veut penser.

Le Dieu fidèle ne veut et requiert en toutes choses que fidélité et vérité, selon la vraie et droite justice. A quoi se sont soumis quelques-uns des anciens seigneurs, rois et princes bien experts et craignant Dieu, comme aussi quelques anciens sages, patriarches et archipères, lesquels ont eu et porté un grand amour et zèle pour les travaux des mines et les ont cherchés et cultivés avec un jugement convenable.

Ainsi les ouvriers des mines qui sont gens d'honneur, bons chrétiens et craignant Dieu, doivent et peuvent élire le meilleur et bien reconnaître leur perle qui est l'esprit du Seigneur, que la parole de Dieu a fait croître. Et [ils] doivent aussi considérer et contempler, par une constance inébranlable, le moyen par lequel ils doivent amoureusement louer Dieu, lequel leur a soumis et assujetti toutes choses, de quelque côté [qu'] ils se tournent, et lequel leur a donné et départi abondamment et par excès sa pure grâce et miséricorde, et lequel aussi, par l'innocence, vertu et mérite de son cher Fils unique, leur donne et établit en cette vie transitoire, pour le bien d'eux tous, toute sorte de prospérité corporelle et spirituelle, la santé du corps et de l'âme, et les orne et pare beaucoup mieux que l'or, l'argent, les pierres précieuses et les perles ne sont parés.

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CHAPITRE XIII DE L ESSENCE DE L OR QUI SE RENCONTRE NON SEULEMENT DANS LE MÉTAL, MAIS AUSSI DANS UN MINÉRAL SUPER ABONDAMMENT, AUSSI BIEN QUE DE DEUX MÉTAUX, ET QUI SE MONTRE EN PROPRIÉTÉS ET VERTUS EXCELLENT ET OPÉRATIF SUR TOUTES LES NATURES, COMME AUSSI UN BREF APPENDICE OU CONCLUSION DE MA PREMIÈRE ET DEUXIÈME PARTIE DES CHOSES CONCERNANT LES MINES, MÉTAUX ET MINÉRAUX

 

 

Ce chapitre est un sommaire de toutes les couleurs, figures et formes des mines et métaux, ainsi qu'ils sont introduits, ornés et vêtus par le moyen de l'opération céleste dans les ouvrages souterrains; des places plus nobles de la mère des mines métalliques, selon que nous reluit ou éclaire la lumière éternelle du vrai soleil illuminant, la divinité, le jour de la joie, et ce qu'il y a d'or le plus perdurable, le plus permanent et le plus beau, qui singulièrement pour la plupart est jaune, beau, rouge et pur, clos et fermé à tous les autres métaux blancs et non teints par la couleur de citrin constante et durable de l'illustration éternelle du ciel et du glorieux et constant paradis, de toutes les étoiles, et selon la lumière naturelle créée de toutes les créatures, accompagnée de l'aurore très belle de la terre minérale de la meilleure liaison, de la plus subtile et de la plus serrée, je dis que l'or est clos et fermé à tous les métaux blancs et non teints.

Mais voici comment l'or, qui est d'une substance essentielle très noble, parle de soi-même : « Je suis, se dit-il, le seigneur de tous les seigneurs, le roi de tous les rois, le prince de tous les princes, car je les passe tous en vertu, pouvoir et perfection. Je les surmonte et je ne suis vaincu ni surmonté de personne; mais ils sont sujets à ma personne et à mon essence, d'autant que mon règne est appuyé, affermi et confirmé par une puissance et par un honneur démesuré et invisible. Par moi sont fortifiés et justifiés tous les métaux, minéraux, animaux et végétaux, toutes les plantes et arbres, aussi bien que les hommes. Car je donne à un chacun qui me reconnaît dans mon naturel vert, bleu, rouge, et tout ce qu'il désire de moi en découle comme les quatre plus nobles fleuves capitaux, Pison, Gihon, Hideckel et (Eu)phrates :

savoir est la plus noble substance de mercure découle de moi en forme d'eau cristalline la plus transparente et la plus claire, et la substance du soufre la plus noble et la plus subtile ou pénétrante par sa grande activité, et un sel cristallin le plus clair, le plus beau et le plus astral et provenant du vrai sel vitriolique; toutes lesquelles matières pénètrent et passent à travers les montagnes et tendent toujours vers le haut dans les pierreries des minéraux et y coulent plantureusement avec fertilité.

« J'élève en degré, et surhausse seul, l'argent. C'est moi qui donne lumière et clarté à la lune avec toute justice. Tous ces mages naturalistes et sages écrivains parlent de ma vertu et propriété rouge; ils en discourent par le monde depuis l'orient jusqu'au couchant. Et je suis seigneur sur toutes vêtures et couleurs célestes clarifiées. C'est moi qui orne le firmament, qui donne le tempérament de l'air, et l'arc-en-ciel est revêtu par moi selon la volonté de Dieu mon seigneur. Je donne et élève toutes les nobles pierreries ou pierres précieuses par toute la terre, tout ce qui y croît, toutes les créatures et enfin toutes choses. Et tout ce que je ne puis traverser, transpasser ou pénétrer intérieurement par mon cours, je le départis et sépare pour l'accomplir dans la pierre lumineuse de la nature par le moyen de mon amie et amante, la lune. Celle-là reçoit de moi la meilleure partie ou provision de mes plus agréables et subtiles vertus, comme témoignent assez l'Inde, la Hongrie et la Carinthie. Car tout ce qui a vie et doit recevoir la vie se réjouit à cause de moi et de nul autre après Dieu, parce que de lui seul est l'honneur et magnificence éternelle, et je ne trouve aucun seigneur ou potentat plus grand que lui. Mais quant à moi, je ne repose point et aussi je ne désire aucun repos, et j'expédie et fais volontiers tout ce à quoi le Créateur de toutes choses m'a établi, installé et ordonné. Ce qui est cause que je fais trouver ma souplesse si magnifique comme dans une cire aux pierreries, lesquelles toutefois, par leur dureté, peuvent assez donner de feu quand il leur en est besoin.

« Je suis caché aux insensés, mais je suis tout découvert aux personnes d'intelligence et de jugement. Car je tiens superabondamment ma seigneurie dans un minéral tout à fait bien connu, aussi bien que dans Mars et Vénus, et es choses tout à fait basses dans lesquelles je me suis caché. Et en toutes ces choses est un esprit double, lequel est suffisamment connu comme une chose des plus proches et agréables. Ce fut ce sujet que Dieu fit élever par Moïse pour obéir à son peuple dans le désert, au-dessous de la montagne Sinaï, savoir le serpent d'airain qui ressemble à ma couleur.

« Ma meilleure et plus belle couleur paraît et se montre selon les vitriolités et sucs transparents qui poussent, percent et pénètrent en temps convenable dans leurs montagnes à ma mode et manière, d'où ils sont élevés de petitesse à grandeur, avec abondance et plaisir, en une belle stature agréable de croissances vertes comme de la cire de cachet, vertes comme de la fiente d'oie, dont aucunes sont seulement toutes vertes et d'autres sont bleues comme la couleur d'un beau saphir; mais entre toutes ces croissances, celles qui ont ma couleur rouge avec la blanche sont les meilleures et les plus désirables à rechercher et préférables aux autres, comme à celles qui parfois naissent d'une couleur louche comme un caillou de rivière. Je m'allume volontiers dans le vitriol et le fait avancer et exalter, après le ravalement de sa viande verte qu'il a en soi, au souverain degré d'un esprit rouge, magnifique; comme aussi duquel, après sa purification laxative, vient la vraie et droite eau de Saturne désirée et attendue, qui est la vraie fontaine sûre et aiguë de laquelle je prends moi-même et reçois mon avènement et ma vie, aussi bien que tous les autres métaux, animaux et végétaux. Car de là proviennent et sourdent uniquement et seulement tous les métaux et minéraux ayant leur commencement et origine d'icelui vitriol, lequel contient en soi cette eau vivifiante sans laquelle aucune substance ne peut s'avancer aucunement dans les mines ou entrailles de la terre; laquelle eau vive est fort bien connue des vrais sages et philosophes. « Or le vitriol, par son esprit ou eau vivifiante, opère et parfait les minéraux et métaux de différentes sortes et espèces, comme en forme de fausset ou pyramide, montant en leur semence ou graine de bas en haut, en un corps blanc et sec comme un pain de sucre, et [ils] croissent dans le Schiefer ou matière d'ardoise bleue. C'est un minéral de toutes couleurs, singulier et grandement agréable. Mais les mines de sel sont les plus éloignées qui par mon change attractif se trouvent sur des flots, ponts ou canaux, passages ou sillons. Lesquelles mines de sel paraissent souvent au jour par le moyen des eaux qui les produisent ou conduisent en divers endroits, de sorte qu'il se trouve souvent de jour un sel sec et aride et éclatant comme une flamme claire sur la terre, comme dans la grande froidure pousse sur quelque pierre claire les floquets des neiges, ouvrés grossièrement en façon de marche ou de degré. Ainsi est-il des autres pierres précieuses qui tiennent toutes un certain ordre ou figure selon ma pierre céleste illuminée, laquelle je départis et distribue en l'opération et vertu d'icelles pierres précieuses qui sont éclairées et anoblies en dignité et en l'état le plus constant, et sont douées d'un esprit perdurable et enfin sont à jamais distinguées de diverses couleurs, comme sont les diamants, émeraudes, escarboucles, saphirs, rubis, cristaux, calcédoines, jaspes, béryls, chrysolithes, onyx, cornaline, turquoises, pierres de l'azur, marguerites, coraux, terre de Lemnie, pierre de serpentine et de grenade, toutes et chacune séparément étant de couleurs ou plus hautes ou plus basses, illustres toutefois dans leurs propres et naturelles couleurs, par un ordre céleste créées, disposées et conservées par la nature dans les endroits et places minérales qui leur sont convenables.

« D'où l'on peut à bon droit dire et conclure que toutes ces choses, ensemblement tous les fruits ou croissances magnifiques de dessus la terre, doivent servir au bien de l'homme, tant en son corps que en son esprit; ainsi que rien ne m'est caché dans ma puissance éclairante et que tout est éclairé de ma splendeur, par laquelle il croît en maturité et augmentation, et ne peut aucune créature s'établir par soi-même; par quoi c'est qu'il y a tant de différentes matrices dans lesquelles chaque chose prend sa naissance par mon moyen, car toutes les choses de l'univers ont et tiennent leur commencement et origine de moi seul et de mon esprit qui est caché dans mon intérieur et que personne ne saurait sonder ni parfaitement connaître, sinon Dieu éternel, Créateur de toutes choses, de la parole divine duquel ce mien esprit est sorti.

« Faisant ici conclusion de toutes mes paroles, je m'étonne moi-même tout d'abord de si hauts et profonds mystères et en mon Dieu je témoigne et certifie en vérité que je ne suis pas seulement l'or ou le soleil présent, mais [que] je suis un abrégé de toutes les vertus des esprits souterrains. Car Arisleus et Onizon me sont sujets, d'autant que je suis l'alpha et l'oméga. Dieu en soit éternellement loué. »

Ici je conclus la seconde partie de ce mien livre des mines : j'ai fidèlement montré tout ce qui en est autant que je l'ai pu connaître et sonder par ma diligence. Qu'un autre en fasse davantage, s'il le peut, et donne au jour une ample connaissance afin que la lumière de la noble nature puisse avoir continuellement sa pleine et entière splendeur et lueur pour éclairer toujours sans se pouvoir éteindre, et qu'ainsi tous les humains, et même les ennemis et ennuyeux, acquièrent un esprit et [une] inclination et disposition de solliciter tous les jours, sans cesser, sa Divine Majesté, par ferventes prières et actions de grâces, qu'il lui plaise d'exaucer leurs vœux et bonnes intentions; aussi pour le sujet desquelles j'ai écrit ces miens deux livres et les ai fait précéder de mes tours de main — qui autrement n'y auraient en quelque façon bien convenu ni appartenu — afin que, par soigneuses prières et actions de grâces et aussi invocation cordiale de Dieu le père céleste, un chacun s'exerce soigneusement et reconnaisse à vue d'œil et puisse aussi concevoir et comprendre avec raison et jugement comment c'est que la nature nous a si magnifiquement instruits; nous, dis-je, qui sommes créés de Dieu tout-puissant et établis par préférence à toutes les autres créatures pour exécuter et mener à fin heureuse tous les travaux ou opérations que nous entreprenons industrieusement dans la terre la plus profonde, et produire au jour ses nobles croissances et fruits par lesquels nous tirons aussi notre nourriture et entretien; ce qui nous doit obliger avant toutes choses à reconnaître de tout notre cœur la grâce abondante et la miséricorde infinie de Dieu dont nous ne le pouvons suffisamment remercier selon notre faible capacité. Toutefois, que chacun en fasse son devoir, autant qu'il lui sera possible de faire, et qu'avec son cœur pécheur et sa langue souillée, qu'il prie Dieu d'un cœur pur et dévot pour acquérir sa grâce, sa sapience et sa bénédiction, pour sonder ses grandes et émerveillables créatures par l'esprit de vérité et de justice, afin qu'il les puisse posséder dès le commencement de leur conception et les employer en de bons et charitables effets à la gloire de Dieu, laquelle soit exaltée par-dessus tous les cieux et retentisse avec une louange immortelle par toute la terre universelle.

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