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Du Mercure En général dans l'oeuvre
Forme et aspect
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Sur la scène du théâtre alchimique apparaissent successivement les acteurs d’une pièce dont l’histoire commence au Mercure et fini au Soufre, avec bien entendu comme décors le Sel.
De ces trois personnages le plus ambigus et le plus difficile à cerner est celui qui revêt l’aspect et la forme qui lui sont propres à savoir la fluidité et la liquidité du Mercure.
Il est celui qui de part ses propriétés détermine à lui seul la SOURCE alchimique, car si le mâle de l’oeuvre est jaune comme nous l’avons écrits ailleurs il n’en reste pas moins que nôtre matière est un mercure. Les auteurs lui donnent alors tous les noms possibles mais celui qui le nomme avec le plus « d’intelligence » d’après nous est Georges Ripley qui le baptise « antimoine artificiel ».
Nôtre Voyageur se présente des le début de la première opération sous la forme d’eau claire et limpide à reflet métallique, à la fois transparente et lumineuse, vive et volatile dont les vertus dissolvante s’appliquent aux métaux vulgaires préparés ainsi qu’a l’Or et à l’argent philosophique de l’œuvre. En ce sens il est véritablement une « eau-feu », un feu liquide car il liquéfie et dissocie, comparativement, les métaux, bien mieux que ne le ferai un feu vulgaire dans le cadre d’un four et de son creuset. Parmi les caractéristiques physiques qui déterminent ce produit il en est une peu connue mais qui le signe de façon philosophique et certaine. En effet conservé à l’abris de la lumière et dans un flacon bien bouché le mercure laisse apparaître au fil du temps une constellation de petites étoiles à six branches qui soit, se fixe sur les bords du vase, soit tombent au fond en conservant leur forme. La meilleure comparaison que nous puissions faire pour imager de ce phénomène est celle du symbole du sel harmoniaque.
Nous sommes conscient du fait qu’il est impossible de concevoir un développement sur le thème du Mercure sans aborder la notion de soufre, les deux étant si intimement liés dans le chao philosophale primaire. Fulcanelli dans ses Demeures Philosophales, au chapitre des « gardes du corps de François II » révèle à travers l’interprétation d’un texte le secret de l’obtention du vitriol et du soufre. Voici un extrait de ce texte :
«Il y aura bientôt deux ans qu’un ouvrier, habile dans l’art métallique, obtint, par un troisième agent, un extrait des quatre éléments, manuellement obtenu en assemblant deux mercures de même origine, que leur excellence à fait qualifier de romains, et qui se sont toujours nommés ainsi »
Le lecteur averti aura immédiatement compris qu’il s’agit là de la copulation de deux matières mercurielles et de leur génération sulfureuse au sein même de leur mélange. Au passage soulignons encore le « manuellement obtenu » qui signe de manière certaine l’action de l’artiste sur l’effet producteur de l’embryon. Cette action concomitante aux poids de l’art se résume à une simple mise en présence des matières tandis que la production du soufre primum-ens par la réaction, constitue un mystère réservé à la seule nature et à ses poids.
Des deux mercures qu’il convient de réunir le premier à paraître aux yeux de l’artiste constitue réellement la mère de l’œuvre puisque en lui ou en elle, le choix est possible, sont potentiellement contenus dés le départ l’air, le Feu, et la Terre ; qu’il est lui-même capable de donner naissance à l’enfant hermétique autrement qualifier poisson sans os ou rémora et que sa qualité dissolvante sous forme d’eau détermine aussi la production futur du mercure philosophique. A ce sujet D’Espagnet nous fournis les indications indispensables sur la façon de discerner le dissolvant du mercure philosophique :
Extrait de L'œuvre secret de la philosophie d'hermès
Le Mercure philosophique
De même que ceux qui naviguent entre Charybde et Scylla risquent le naufrage aussi bien ici que là, de même ils ne sont pas menacés d'un moindre péril ceux qui, aspirant à la conquête de la Toison d'or, flottent entre les équivoques du soufre et du mercure des Philosophes, ces deux écueils. Les plus perspicaces, par la lecture assidue des auteurs les plus graves et les plus sincères, et par la lumière d'un rayon du Soleil, ont acquis la connaissance du soufre, mais ils sont restés suspendus au seuil du mercure des Philosophes. Car les auteurs en ont parlé avec tant de détours et de méandres, et l'ont appelé de tant de noms ambigus, qu'on le découvre plutôt par une impétuosité d'esprit, et sans y penser, que lorsqu'on le cherche à force de raison et de sueur.
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Pour immerger plus profondément leur mercure dans les ténèbres, les philosophes l'ont fait multiple, et en chaque partie et chaque régime du Grand Œuvre ils apportent le mercure, qui cependant est toujours différent. Ainsi n'en obtiendra jamais la connaissance parfaite quiconque ignorera l'une des parties de l'Œuvre.
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Les philosophes ont reconnu principalement trois sortes de mercure : à savoir, après que soit accomplie la préparation du premier degré, et la sublimation philosophique, ils appellent alors cette matière leur mercure ou mercure sublimé.
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Secondement, dans la seconde préparation, que les auteurs nomment la première (parce qu'ils omettent la première), le Soleil étant redevenu cru, et, dissous en sa première matière, ils appellent cette matière ainsi crue ou dissoute, le mercure des corps, ou des Philosophes. Alors cette matière s'appelle (aussi) Rebis ou Chaos, ou Monde entier, parce que tout ce qui est nécessaire pour l'œuvre s'y trouve et qu'elle suffit seule pour faire la pierre philosophale.
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Enfin ils appellent quelquefois mercure des Philosophes, l'élixir parfait et la médecine teignante, quoique de manière impropre, car le nom de mercure ne convient qu'à ce qui est volatil (c'est pourquoi tout ce qui se sublime à quelque stade de l'ouvrage que ce soit, ils l'appellent aussi mercure) : mais l'élixir, parce qu'il est très fixe, ne doit pas être appelé du simple nom de mercure. Aussi l'ont-ils appelé leur mercure, à la différence du volatil. La voie droite pour étudier et discerner tant de mercures des Philosophes ne se montre vraiment qu'à ceux-là, « que chérit le juste Jupiter, ou qu'une ardente vertu a élevés jusqu'aux deux ».
Ne devons nous pas comprendre à la lecture de D’Espagnet que le mercure philosophique se présente comme la fille du mercure primaire et que ce résultat ou mercure des philosophes possède à la fois les qualités volatiles mais aussi fixes que seul l’artiste détenteur du dissolvant spécial pourra distinguer ?
Ne devons nous pas remercier encore cet auteur qui a le courage de préciser que « la première préparation » comprend et intègre les sublimations philosophiques et donc qu’elle va au delà du premier œuvre ?
Les auteurs les plus graves ne nous annoncent-ils pas « le Mercure et le feu te suffisent » ?
Autant de questions importantes pour le postulant au travail de l’œuvre qui sait que pour se « jeter à l’eau » c'est-à-dire dans la Mer des philosophes il lui faudra plus que savoir nager, mais certainement savoir piloter son propre vaisseau sur une onde aussi vive et bouillonnante que celle de la vie.
Pour en terminer avec l’aspect du mercure nous citerons à nouveau Jean d’Espagnet qui confirme dans cet extrait la force de l’élément liquide :
« Dans l'ouvrage de la Pierre, les autres éléments circulent sous la figure de l'eau, parce que la terre est résolue en eau, dans laquelle se trouvent tous les autres éléments : l'eau est sublimée en vapeur, la vapeur retombe en eau. Ainsi l'eau est agitée par un cercle infatigable, jusqu'à ce que, devenue fixe, elle cesse son agitation, et prenne sa place inférieure. »
Dans sa préface à la première édition du Mystère des cathédrales Eugéne Canseliet nous écrits :
« Je sais, non pour l’avoir surprise moi-même, mais parce que l’auteur m’en donna l’assurance, il y a plus de dix ans, que la clef de l’arcane majeur est donnée, sans aucune fiction, par l’une des figures qui ornent le présent ouvrage. Et cette clef consiste tout uniment en une couleur, manifestée à l’artisan dès le premier travail. Aucun philosophe, que je sache, n’a révélé l’importance de ce point essentiel. ».
Révélation, donc, emprunte d’extrême humilité, tel l’aveu de l’ignorance du moment, à la fois de la planche (citation en gras plus haut), et de fait de la couleur. Pourquoi revenir sur cette citation dans le cadre du thème de cet article ? C'est que l’examen approfondi, à la loupe, de l’une des photos du premier ouvrage de Fulcanelli nous montre sans détour, à la fois, l’origine de notre mercure chaotique mais aussi sa couleur initiale et son symbole graphique. Nous avons bien écrits « photos » car aussi invraisemblable que cela puisse paraître ce détail est absent de la planche qui lui correspond et que l’artiste Champagne executa pour l’édition originale, opérant ainsi une « fabuleuse castration » vis-à-vis de la vérité opérative. Que l’on nous soit indulgent de laisser à la sagacité du lecteur le soin de lui faire découvrir quelles comparaisons utiles il devra faire pour comprendre le secret de l’origine de notre matière. Nous pouvons toutefois écrire que le symbolisme graphique relié à cette matière est en relation directe avec la géométrie de la porte magique et alchimique et dont E Canseliet retraça l’histoire exacte dans ses « Deux logis Alchimiques, en marge de la science et du progrès » ; géométrie que nous retrouvons également identique sur l'une des fantastique peinture de la sacristie du monastère monastère de Cimiez.
Au beau milieu d'un sobre paysage une porte de pierre quadrangulaire semble ouverte à qui veux. Pourtant l'inscription qui surmonte l'oeuvre paraît sous entendre tout le contraire :
"NON APERIE TUR"
Elle ne s'ouvrira pas pour tous. A la fois porte du jardin hermétique et porte de l'être cette objet en dit long pour qui entend l'appel intérieur du processus alchimique.
Tel une dame coquette et légère notre mercure, sous l’action du soufre inhérent à sa nature, se pare de vêtements colorés et variés, emprunte les teintes les plus belles et suivant une progression généralement reconnu de tous les adeptes. C'est le noir primaire qui laisse sa place au blanc puis lentement au rouge. Mais avec encore plus de persévérance l'artiste pourra distinguer le jaune et parfois le vert ou bien encore l'orange.
Alkest ©