R....

 

R. Signifie prenez, mettez. 

Raan. Sel armoniac. 

Raari. Sel armoniac. 

Rabeboya. Racine du grand Flamula ou grand Flambe. Quelques-uns ont donné le nom de Rabeboya à la Lune, ou femelle des Sages. 

Rabiel. Sang de dragon. 

Rabira. Etain, Jupiter. 

Rabric. Soufre des Philosophes.

Racari. Sel armoniac. 

Rachi.           )

                     )    Mercure des Sages.

Racho.          )

Racine. Quelques Physiciens Chymistes ont donné le nom de racines à ce que d'autres appellent principes, et les ont nommés différemment, quoiqu'ils ne soient que les mêmes choses. Ils appellent racines les principes des mixtes, le fixe pur et le volatil pur; tout ce qui entre d'ailleurs dans la composition du mixte est censé hétérogène, et non racine, parce qu'il est un obstacle à l'union parfaite des racines, d'où dépend la durée; et qu'il en occasionne la séparation, d'où s'ensuit la mort. C'est par cette raison que l'union des principes, faite par l'Alchimie, est permanente et incorruptible.

RACINE (Sc. Herm.) Mercure des Sages pendant la putréfaction. Ils ont dit que leur matière ou plutôt leur mercure était composé de deux choses sorties d'une même racine; parce qu'en effet d'une et unique matière molle, et qui se trouve partout, comme dit le Cosmopolite, on tire deux choses, une eau et une terre, qui réunies ne font plus qu'une seule chose et ne se séparent jamais. Cette réunion n'en fait plus qu'une seule racine, qui est la semence et la vraie racine des métaux philosophiques.

La racine de l'œuvre est, selon Trévisan, le principal ingrédient du composé philosophique; c'est pourquoi Riplée le nomme la base. C'est le soufre mûr du Soleil des Sages, par la vertu duquel les deux autres substances mercurielles se mûrissent et acquièrent le degré de perfection de l'or. Les Philosophes l'ont aussi nommé le Feu de Nature.

RACINE DE L ' ART . Pierre au blanc. Il ne faut pas confondre la racine de l'Art avec la racine de l'Œuvre, parce que le commencement de l'Œuvre est la préparation manuelle, que tout le monde peut faire, de la matière crue, au lieu que l'Art Philosophique ne commence qu'après cette préparation, de laquelle presque aucun Philosophe n'a parlé. Ainsi la racine de l'Œuvre prise dans son principe, est la matière crue, et la racine de l'Art est le mercure préparé et la matière au blanc.

RACINE DES MÉTAUX . Quelques-uns ont donné ce nom à l'antimoine, d'autres au mercure vulgaire. Les uns et les autres se sont trompés. Par Antimoine et Mercure on doit entendre ceux des Philosophes Hermétiques, qui sont la même chose, et qui est elle-même la racine de l'antimoine et du mercure vulgaire; c'est-à-dire, ce en quoi tout se résout. RACINE . Se dit aussi des principales parties du corps humain, d'où les autres semblent dépendre ou tirer leur l'origine. Le cerveau est la racine de tous les ligaments, le cœur est la racine : tous les membres, et le foie est celle du sang. Ces racines ne souffrent souvent que par accident. En les conservant en santé, on conserve tout le corps; mais il faut aussi guérir les accidents, pour conserver le principal. Paracelse .

RACINE DES TEINTURES DU SOLEIL ET DE LA LUNE . C'est le mercure des Sages uni à son soufre.

Racri. Sel armoniac.

Radira. Etain, Jupiter.

Radix Cava. Espèce d'aristoloche, dont la racine est creuse.

Raib. Pierres de toutes espèces.

Raisin de Chêne. Assemblage de petits globules rouges en dehors, blancs et presque laiteux en dedans, d'un ;goût très styptique, que l'on trouve au printemps sur les racines du chêne; c'est dans ce temps-là qu'il faut les cueillir, parce qu'en été ils deviennent ligneux. On les fait sécher à l'ombre, et on les pulvérise ensuite. C'est un spécifique pour la dysenteries, les flux de sang, et les hémorragies. Rulland.

Ramag. Cendre.

Rameau d'Or. Celui qu'Enée porta avec lui, pour avoir entrée dans le Royaume de Pluton, et dont il fallait nécessairement être muni pour aborder Proserpine, est le symbole de la matière des Sages, suivant que l'explique d'Espagnet. Il est pris d'un arbre semblable à celui qui produisait les pommes des Hespérides, et à celui où était suspendue la Toison d'or. Mais la difficulté est de reconnaître cette branche et ce rameau; car les Philosophes, dit le même Auteur, se sont étudiés plus particulièrement à le cacher que toute autre chose. Celui-là seul peut l'arracher : qui Maternas agnoscit aves. .... Et gemims cui forte columbce, Ipsa sub ora viri cœlo vénère volantes. Voyez une explication plus étendue à la fin du sixième livre des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Ramed. Rhubarbe.

Ramich. Noix de galle.

Ramigi, Ramigiri. Colofone.

Ranac. Sel armoniac.

Randeric. Matière de l'œuvre, ou Rebis, avant qu'elle soit parvenue à la blancheur.

Rasahetî. Es ustum, cuivre brûlé.

Rasar. Etain.

Rasas. Plomb blanc.

Raseos.        )

Cuivre, Vénus.

Rasoes.        )

Rastig. Jupiter Chymique. 

Rastol. Cuivre, airain. 

Rastul. Sel.

  Raved. Rhubarbe. 

Raved-Seni. Rhubarbe d'Orient. 

Raxad. Sel armoniac.

Rayb. Voyez RAIB .

Raymond Lulle. Philosophe Hermétique, l'un des plus savants, des plus subtils, et dont la lecture est des plus recommandée, comme ayant écrit le plus clairement sur les principes des choses, et comme ayant le plus pénètre dans les secrets de la Nature.

D'Espagnet loue particulièrement son Testament ancien, son Codicille, sa Théorie et sa Pratique. Zachaire y ajoute la Lettre de cet Auteur au Roi d'Angleterre Robert, et dit que sa lecture lui a fait connaître son erreur. Raymond Lulle parle peu de l'eau tant désirée des Philosophes, mais ce qu'il en dit est très significatif. Quant au régime, personne n'en a écrit plus clairement que lui. Il parle sans cesse de vin blanc et de vin rouge; mais il ne faut pas l'entendre à la lettre. Voyez VIN .

Rayons du Soleil et de la Lune.

Les Philosophes disent, d'après Hermès, que leur eau mercurielle s'extrait des rayons du Soleil et de la Lune au moyen de leur aimant; quelques Chymistes se donnent en con-séquence la torture pour trouver un aimant ou un attrament qui puisse produire ou attirer cette matière : Borrichius les désabuse avec tous les véritables Philosophes, lorsqu'ils disent que la matière de laquelle il faut extraire ce mercure se trouve sur terre, et que c'est une terre vierge : qu'il ne faut point en conséquence chercher à la pêcher dans l'air. Raymond Lulle dit positivement qu'elle se tire de la terre, et Hermès dit que la terre est sa nourrice.

Réalgal ou Réalgar. Magistère au rouge.

Rebis. (Sc. Herm.) Matière des Sages dans la première opération de l'Œuvre. L'esprit minéral crud comme de l'eau, dit le bon Trévisan, se mêle avec son corps dans la première décoction en le dissolvant. C'est pourquoi on l'appelle Rebis, parce qu'il est fait de deux choses, savoir du mâle et de la femelle, c'est-à-dire du dissolvant et du corps dissoluble, quoique dans le fond ce ne soit qu'une même chose et une même matière. Les Philosophes ont aussi donné le nom de Rebis à la matière de l'œuvre parvenue au blanc, parce qu'elle est alors un mercure animé de son soufre, et que ces deux choses sorties d'une même racine ne font qu'un tout homogène. V. ANDROGINE , HERMAPHRODITE . REBIS se prend aussi pour les excréments humains, et pour la fiente de pigeons.

Rebolea. Excréments brûlés. Reboli. Liqueur de mumie. Rebona. Fiente calcinée au feu.

Rebosola ou Rebisola. Spécifique tiré de l'urine, contre l'ictéricie.

Recepte. Procédé ou mémoire instructif pour faire le Grand Œuvre. On les appelle ainsi, parce qu'ils commencent comme les ordonnances des Médecins, par le mot latin

Recipe, qui veut dire prenez..

Les ignorants se laissent prendre pour dupes par des fripons qui leur présentent des receptes fausses, et leur demandent de l'or pour en faire. S'ils avaient étudié les principes de la Nature et du grand œuvre dans les ouvrages des vrais Philosophes, ils ne se laisseraient pas surprendre. Ils y verraient que la matière est une, vile, commune, et que celui qui a une quantité suffisante de cette matière, a plus besoin de patience et de travail, que de dépenses à faire; que l'œuvre ne gît pas dans la multitude des choses, et qu'il ne faut qu'une nature, un vase et un fourneau. Qu'ils lisent Trévisan, Zachaire, ils seront bientôt désabusés de ces receptes trompeuses. Si les Philosophes donnent quelquefois des receptes, ils ont soin d'avertir qu'on ne doit pas les entendre à la lettre, et que quand ils disent prenez ceci, mettez cela, ils ne prétendent pas qu'il faille ajouter ou mettre quelque chose étrangère à ce qui est déjà dans le vase; mais seulement qu'il faut continuer le régime pour procurer à la matière un changement de couleur, et la pousser d'un état moins parfait à un plus grand degré de perfection. Il ne faut donc les entendre à la lettre quand ils disent prenez., que lorsqu'il faut premièrement mettre la matière dans le vase, pour en faire le mercure, ensuite le soufre; quand de ce soufre et du mercure il faut faire le Rebis pour parvenir à faire la pierre, et enfin pour de cette pierre avec le mercure en faire l'élixir. Voilà toute l'œuvre.

Recfage. Dissolution du corps par un esprit humide et igné.

Recham. Marbre.

Récipient. En termes de Chymie, est un matras ou ballon adapté au bec du chapiteau d'un alambic ou d'une cornue, pour recevoir la liqueur qui en distille. En termes de Philosophie Hermétique, le récipient est la terre qui demeure au fond du vase, et qui boit et reçoit les vapeurs qui se condensent au haut du vase, et retombent en pluie. Le récipient est le corps, et les vapeurs sont l'esprit, qui se corporifie en s'unissant avec la terre qui le fixe.

Réconciliation. (Sc. Herm.) Les Philosophes hermétiques recommandent de réconcilier les ennemis, et de faire la paix entre eux, de manière qu'ils soient unis inséparablement; c'est-à-dire qu'il faut réunir le volatil avec le fixe, en sorte que le volatil devienne fixe à jamais. Lambspringius a représenté ce volatil et ce fixe sous diverses figures emblématiques d'animaux et d'oiseaux; Flamel, sous celle de deux dragons, l'un ailé, l'autre sans ailes. Mais qui prendra-t-on pour arbitre de leur différend ? et qui sera le médiateur de cette paix ? Il en faut deux, selon tous les Philosophes, Vulcain et Mercure; c'est pour cela qu'on représente ce dernier avec un caducée, autour duquel sont entortillés deux serpents, mâle et femelle, et de propriétés opposées. Les Poètes disent aussi que Mercure accordait les ennemis, et rappelait les âmes dans les corps. La Fable donne un exemple du pouvoir qu'a Vulcain de réunir les choses différentes, lorsqu'elle dit que Vulcain surprit Mars et Vénus en adultère, et les lia ensemble jusqu'à ce que Mercure vint les délier.

Réconcilier les Ennemis. (Sc. Hermès.) Expressions philosophiques, qui signifient la, 

réunion du fixe avec le volatil, au moyen du mercure et de Vulcain. Voyez RÉCONCILIATION .

Rectification. Nouvelle dépuration d'un corps ou d'un esprit chymique, par la distillation réitérée, ou par quelque autre opération en usage pour cet effet. En termes de Chymie hermétique, c'est la même chose que sublimation, ou exaltation de la matière de l'œuvre à un degré plus parfait. Voyez. SUBLIMATION .

Rectifier. Donner un plus grand degré de perfection. Voyez SUBLIMER .

Reduc. Poudre métallique faite par la calcination. On la réduit en liqueur, et enfin en régule. Planiscampi.

Réduction. Rétrogradation d'une chose parvenue à un certain degré de perfection, à un degré qui l'est moins, comme si avec du pain on faisait du grain de froment. Ainsi la réduction des métaux en leur première matière, si recommandée par les Philosophes, est la rétrogradation des métaux Philosophiques, et non vulgaires, en leur propre semence, c'est à dire un mercure Hermétique. Cette réduction s'appelle aussi réincrudation, et se fait par la dissolution du fixe par le volatil de sa propre nature, et duquel il a été fait. Ainsi la réduction des métaux en leur première matière, n'est pas une opération par laquelle on les réduise dans les quatre éléments, parce qu'ils ne sont que la première matière éloignée; mais en mercure hermétique, qui est la première matière prochaine des métaux philosophiques.

RÉDUCTION . Se dit aussi de la réunion d'une chose avec une autre. C'est ce que d'Espagnet appelle la réincération de l'âme dans la pierre, lorsqu'elle l'a perdue; ce qui se fait, dit-il, en l'allaitant et en la nourrissant d'un lait spirituel et orifique, jusqu'à ce qu'elle ait acquis une force capable de résister aux atteintes du feu. Cette réduction est donc une opération par laquelle on incère, on engraisse, on nourrit, on engrosse, on subtilise et l'on réunit les éléments ou principes, en sorte que le feu agisse sur l'air, l'air sur l'eau, l'eau sur la terre, etc.

Réduire. S'entend aussi dans deux sens différons, comme le terme Réduction, dont voyez l'article.

Réezon. Soufre des Philosophes parfait au rouge.

Refeetivum. Médicament qui rétablit les forces perdues.

Réfraction. Même chose que conversion des éléments.

Régime. (Sc. Herm.) Les Philosophes disent que tout consiste dans le régime du feu. II ne faut pas se laisser prendre au sens littéral de ces paroles. Toute la réussite de l'œuvre dépend en effet du régime du feu; mais ils entendent par ces paroles, non seulement la conduite du feu extérieur, excitant, et conservant la matière des impressions de l'air froid; il faut aussi les entendre du régime du feu philosophique, c'est-à-dire, du feu de nature, et du feu contre nature, afin que de ces deux biens combinés, naisse un troisième, que les Philosophes appellent feu innaturel. Ces trois feux, avec le feu extérieur, sont les quatre feux qu'Artéphius dit être nécessaires dans l'œuvre. Il n'en nomme cependant que trois, parce qu'il ne parle que des feux Philosophiques, et ce sont ces feux qu'il faut proportionner géométriquement; c'est en cela que consiste tout le secret du régime.

On doit cependant faire attention, dit Philalèthe, que quoique l'action de notre pierre soit unique, c'est-à-dire la cuisson avec le feu naturel, l'état de cette chaleur varie de trois façons. Le feu doit être modéré jusqu'au noir et au commencement du blanc; on augmente alors ce feu par degrés, jusqu'à parfaite exsiccation ou incération de la pierre.

On fortifie encore ce feu jusqu'au rouge. Dastin dit : le feu sera léger dans la solution, médiocre dans la sublimation, tempéré dans la coagulation, continu dans la déalbation et fort dans la rubification. Le trop grand feu gâte et brûle les fleurs du magistère; un feu trop petit n'excite pas assez, et rien ne se fait. Qu'on fasse donc bien attention qu'il y a deux chaleurs dans notre œuvre, savoir, celle du soufre, et celle du feu extérieur; celui-ci ne se prend pas de la substance de la matière de l'œuvre, parce qu'il n'est pas permanent avec la quantité et le poids du mercure. Celui du soufre au contraire fait corps avec le mercure, et l'anime; il fait partie du magistère, et en est une intégrale et essentielle. C'est pourquoi Aros dit : le mercure et le feu te doivent suffire; ce qu'il faut entendre après la première conjonction. Quelques Philosophes donnent pour exemple du régime que l'on doit tenir dans les opérations de l'œuvre, le cours du Soleil dans les quatre saisons de l'année, et disent qu'il faut commencer en hiver. Mais on ne doit pas les entendre de l'hiver vulgaire, c'est de l'hiver philosophique, c'est-à-dire du temps où la matière se dispose à la génération par la dissolution et la putréfaction de la partie fixe par l'action du volatil et du feu interne. Cet hiver peut se trouver pendant l'été vulgaire, parce qu'on peut commencer l'œuvre en tout temps, Zachaire et Flamel le firent au printemps. Voyez TEMS , SAISONS .

Régir. Gouverner, conduire une opération.

Voyez, REGIME .

Règne. (Sc. Herm.) La Fable feint quatre règnes principaux des Dieux, que les Poètes ont aussi appelé âges. Le premier fut celui de Saturne, appelé l'âge d'or; le second, celui de Jupiter, ou l'âge d'argent; le troisième, l'âge de cuivre, ou celui de Vénus; et le quatrième enfin, l'âge de fer, ou celui de Mars. Les Mythologues ont expliqué ces quatre règnes ou âges dans un sens moral, et les Adeptes, avec plus de raison, l'expliquent dans le sens philosophico-chymique; car ces quatre règnes ne sont en effet que les quatre couleurs principales qui surviennent à la matière Philosophique pendant les opérations de l'œuvre, comme on peut le voir dans tous les Livres des Adeptes, qui traitent des opérations de la pierre. La première couleur est le noir, qu'ils attribuent à Saturne; la seconde, le blanc, qu'ils donnent à Jupiter; la troisième, le citrin, qui caractérise Vénus; et la quatrième, le rouge, ou la couleur de pourpre, qui convient à Mars.

REGNE se dit aussi des divisions ou classes sous lesquelles on range tous les êtres sublunaires. On en compte trois, auxquelles on a donné les noms de règne minéral, règne végétal, et règne animal. Sous le premier on comprend les métaux, les minéraux, les pierres précieuses et brutes, les cailloux, les terres calcaires et gypseuses, les bols, les bitumes et les sels, Le second renferme les arbres, les plantes, et tous les végétaux. Le troisième enfin est formé des animaux de toutes espèces, quadrupèdes, volatils, reptiles, poissons, et crustacées.

Les individus de chaque règne se multiplient par une semence analogue et spécifiée pour ce règne; de manière qu'un chien engendre un chien, un arbre produit un arbre, et les métaux ont une semence générale propre à tous les individus métalliques. Il ne faut pas employer la semence propre à un règne, pour produire un individu d'un autre règne. Ceux-là se trompent donc, qui croient extraire le mercure Philosophique, semence des métaux, des sels alkalis des plantes, ou des parties prises des animaux. « Sois diligent à la recherche des choses qui s'accordent avec la raison, et avec les livres des Anciens, dit Basile Valentin (Avant-propos); sache que notre pierre ne prend point naissance des choses combustibles, parce qu'elle combat contre le feu, et soutient tous ses efforts, sans en être aucunement altérée. Ne la tire donc point de ces matières, dans lesquelles la nature, toute puissante qu'elle est, ne peut la mettre. Par exemple, si quelqu'un disait que notre pierre est de nature végétale, ce qui néanmoins n'est pas possible, quoiqu'il paraisse en elle je ne sais quoi de végétal, il faut que tu saches que si notre lunaire était de même nature que les autres plantes, elle servirait comme elle de matière propre au feu pour brûler, et ne remporterait de lui qu'un sel mort, ou, comme l'on dit, la tête morte. Quoique nos prédécesseurs aient écrit amplement de la pierre végétale, si tu n'es aussi clairvoyant que Lyncée, leurs écrits surpasseront ta portée; car ils l'ont seulement appelée végétale, à cause qu'elle croît et se multiplie comme une chose végétale. 

Bref, sache qu'aucun animal ne peut étendre son espèce, s'il ne le fait par le moyen de choses semblables et d'une même nature. Voilà pourquoi je ne veux point que tu cherches notre pierre autre part ni d'autre côté que dans la semence de sa propre nature, de laquelle Nature l'a produite. Tire de-là aussi une conséquence certaine, qu'il ne te faut aucunement choisir à cet effet une nature animale.

Or, mon ami, afin que je t'enseigne d'où cette semence et cette matière est puisée, songe en toi-même à quelle fin et à quel usage tu veux faire la pierre; alors tu sauras qu'elle ne s'extrait que de racine métallique, ordonnée par le Créateur à la génération seulement des métaux. Remarque premièrement, dit le même Auteur (Lumière des Sages) que nul argent-vif commun ne sert à notre œuvre; car notre argent-vif se tire du meilleur métal, par art Spagyrique, et qu'il est pur, subtil, reluisant, clair comme eau de roche, diaphane comme cristal, et sans ordures. » Dans le règne minéral, l'or est le plus excellent avec le diamant; dans le végétal, c'est le vin; et dans l'animal, l'homme.

Régule. Est un terme générique, très en usage parmi les Chymistes, pour exprimer la masse qui reste au fond du creuset, quand on y a fondu quelque morceau de mine minérale ou métallique. On donne plus ordinairement le nom de régule au culot d'antimoine; et quand il est mêlé avec d'autres métaux, on y ajoute le nom du métal. Ainsi on appelle régule martial, celui où il entre du fer, ou Mars, etc. Nombre de Chymistes ont regardé ce dernier régule comme étant la matière du grand œuvre, et l'ont nommé le Loup. Philalèthe n'a pas peu contribué à les induire en erreur, par ce qu'il dit dans son Introitus apertus, dans lequel il paraît le désigner assez clairement. Mais Artéphius qui parle de l'antimoine, et le nomme même par son propre nom, dit aussi que cet antimoine est l'antimoine des parties de Saturne, et l'appelle antimoine Saturnial, et dit, notre vinaigre antimonial saturnien. Il s'explique ensuite, en disant qu'il appelle leur matière antimoine, non pas parce qu'elle l'est en effet, mais parce qu'elle en a les propriétés; ce qui suffit pour jeter un jour sur l'endroit de Philalèthe, et empêcher les ignorants de dépenser leur argent à travailler sur l'antimoine vulgaire, ni sur son régule.

Régulifier. Réduire un métal en régule.

Reilli. Sel acide, ou de vinaigre. Réincrudation. Rétrogradation . V. RÉDUCTION.

Réincruder. Réduire un corps à ses premiers principes. Artéphius dit que réincruder signifie décuire, ramollir les corps jusqu'à ce qu'ils soient dépouillés de leur consistance dure et sèche. On ne peut réussir dans l'Œuvre, si on ne réincrude le corps parfait, si on ne le réduit à sa première matière. Voyez, REDUIRE .

Reine. Eau mercurielle des Philosophes, qu'ils ont ainsi nommée, parce qu'ils ont appelé Roi leur soufre, qui doit être marié avec cette eau, son épouse naturelle, et sa mère. Basile Valentin et Trévisan sont les deux qui ont employé plus particulièrement ce terme de

Reine.

Réitération de destruction. C'est lorsqu'on fait la seconde disposition, pour parvenir à la pierre après avoir fait le soufre. Morien dit que cette disposition ou seconde opération, est une répétition ou réitération de la première.

Rémora Aratri. Plante connue sous le nom d'Arête-bœuf.

Remore. Nom d'un petit poisson que les Anciens disaient avoir la propriété d'arrêter un vaisseau dans sa course, quoique voguant à pleines voiles. Les Philosophes Hermétiques ont donné le nom de Remore et d'Echénéis à la partie fixe de la matière de l'Œuvre, par allusion à la propriété prétendue de ce poisson, parce que cette partie fixe arrête la partie volatile en la fixant.

Rendre l'âme à la pierre après la lui avoir enlevée. Expressions qui signifient les imbibitions de la matière volatile sur la fixe.

Repas délicieux des Philosophes. C'est lorsque leur science leur fait découvrir quelque secret de la nature qu'ils ignoraient.

Réservoir des eaux supérieures et inférieures. Mercure des Sages. Ils l'ont ainsi appelé de ce qu'il est l'abrégé du petit monde, et qu'il est comme la quintessence des éléments.

Résidence. Magistère au rouge, nommé résidence, parce qu'en lui réside tout ce qu'il faut pour animer le mercure, dont il est lui-même comme le résidu et le résultat, et que quand ils ont été réunis et travaillés, ils composent un tout capable de demeurer éternellement dans le feu, et de résister à ses plus fortes atteintes.

Résine cardiaque. Gomme, ou extrait de la racine d'angélique.

RÉSINE DE LA TERRE. C'est le soufre.

RÉSINE POTABLE DE LA TERRE. Soufre sublimé réduit en liqueur appelée huile ou baume de soufre.

RÉSINE MINÉRALE . Soufre.

RESINE D ' OR . Teinture extraite de ce métal.

Résolution. En termes de Physique et de Chymie, signifie désunion des parties d'un corps mixte. On trouve, par la résolution, cinq choses dans tous les corps, mais quelques-unes plus abondantes dans les uns que dans les autres. 1°. Un corps étheré, ou substance spiritueuse, appelée esprit ou mercure. 2°. Une substance sulfureuse et volatile. Ces deux le sont tellement, qu'elles s'évaporent fort aisément dans l'air, si l'on n'apporte bien des précautions pour les conserver; elles participent beaucoup du Gaz de Van-Helmont. 3°. Un sel. 4°. Du phlegme, ou partie aqueuse. Enfin une terre, appelée Tête morte. Ces deux dernières substances sont comme le réceptacle des trois autres.

RESOLUTION . Signifie aussi Dissolution, Réduction, dont voyez les articles.

Résoudre. C'est désunir les parties d'un corps solide. En termes de Chymie Hermétique, c'est réduire le corps dissoluble en eau, par le moyen du mercure; c'est le réincruder, pour le faire tomber en putréfaction, et le disposer à la génération du fils du soleil. Quand on emploie ce terme pour l'opération de la Médecine du troisième ordre, il signifie non seulement réduire la matière au blanc ou au rouge, et l'élixir en mercure philosophique, mais le préparer, le sublimer, le calciner, le purifier, le conjoindre, le séparer, le laver, le distiller, le fondre, l'endurcir, le triturer, l'incérer, etc., parque qu'une même opération fait tout cela dans un même vase, avec trois matières de même nature.

Ressusciter. Voyez RESURRECTION .

Résurrection. Les Philosophes Hermétiques appellent ainsi le passage du noir au blanc dans l'opération du Grand Œuvre; parce que le noir marque la putréfaction, qui est un signe de mort. Ils donnent aussi ce nom à la transmutation des métaux imparfaits en or; car, selon eux, le plomb, le fer, etc., sont des métaux morts, qui ne peuvent être ressuscites et glorifiés qu'en devenant or, comme le plus haut degré de leur perfection.

Rets. Filet à pêcher. Les Chymistes Hermétiques ont donné ce nom à leur aimant, parce qu'il attire et prend leur acier, comme un filet prend le poisson. Voyez AIMANT . Ce rets doit s'entendre de la fixation, qui arrête et fixe les parties nageantes et voltigeantes dans l'eau mercurielle, que les Philosophes appellent leur mer. Cette mer nourrit le poisson Remore ou Eché-néis, dont parlent le Cosmopolite et d'Espagnet, c'est-à-dire le grain fixe de l'or des Sages.

Retorte. Vase de verre, de pierre, de terre, ou de fer, en forme de bouteille, dont le col est courbé sur le côté. Il sert à distiller sans chapiteau. On l'appelle aussi Cornue.

Réverbère ou FEU DE REVERBERE . C'est un feu de flamme qui circule et revient sur la matière qui la produit, comme fait la flamme dans un four à cuire le pain. Le feu de réverbère des Philosophes est le feu intérieur de la matière qui circule dans le vase fermé, et scellé hermétiquement.

Réverbérer. C'est cuire ou faire circuler la matière dans le vase Philosophique.

Revivification. Action par laquelle on remet un mixte dans le premier état qu'il avait avant d'être corrompu par des mélanges.

Revivifier. Rendre à un mixte déguisé son premier état qu'il avait reçu de la nature. On revivifie le mercure du cinabre et des autres préparations qu'on lui donne, en le faisant redevenir un mercure coulant. On revivifie les métaux, après les avoir réduits en chaux par la calcination, ou par les eaux fortes. En termes de Science Hermétique, revivifier c'est redonner la vie, c'est-à-dire rendre l'âme à son corps. Voyez. RENDRE .

Rha. Rhapontic.

Rhadamanthe. Fils de Jupiter et d'Europe, fut choisi, avec Eaque et Minos, pour être Juge de l'Empire ténébreux de Pluton. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 5.

Rhamnusie. Surnom de la Déesse Némésis.

Rhéa ou Rhée. Une des grandes Divinités des Egyptiens, fille du Ciel et de la Terre; eut aussi les noms d'Ops, Cybele et Vesta. Elle épousa son frère Saturne, et en eut Jupiter, Neptune et Pluton, Junon, Cérès et Vesta. Mais Saturne ayant appris qu'un de ses enfants le détrônerait, et ayant usurpé l'Empire sur Titan son frère, ils firent un traité, par lequel Saturne s'obligeait à faire périr tous les enfants mâles qui naîtraient de lui. Saturne, pour tenir sa parole, les dévorait à mesure que Rhéa les mettait au monde; ce qui la jetait dans une extrême affliction. Lorsqu'elle fut prête d'accoucher de Jupiter, elle concerta les moyens de la dérober à la cruauté de son père; en conséquence, après être accouchée, elle donna le petit Jupiter aux Corybantes pour Relever, et présenta un caillou enveloppé de langes à Saturne, qui le dévora. Voy. les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 3 et 4.

Rhésus. Roi de Thrace, vint au secours des Troyens avec une puissante cavalerie. Dolon le trahit auprès d'Ulysse et de Diomede, qui pénétrèrent la nuit dans le camp où était Rhésus, le tuèrent, et enlevèrent ses chevaux avant qu'ils eussent pu boire dans le fleuve Xanthe, condition absolument requise pour prendre la ville de Troye. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées. Livre 6, Fatalité 6.

Rhizotomum. Médicament spécifique pour guérir radicalement une maladie.

Rhodelaeum. Huile rosat.

Rhodes. Ile de la Mer Méditerranée, dans laquelle la Fable dit que Cadmus aborda de l'Egypte, qu'il y édifia un temple à Neptune, dont il donna la garde à quelques Phéniciens, et fit des présents à Minerve, entre lesquels se trouvait un vase de cuivre très-beau, très remarquable, et fait à l'antique; que ce Pays était ravagé par des serpents. Cette Fable, selon l'explication des vrais Chymistes, renferme en abrégé tout le Grand Œuvre; car, dit Michel Majer, pourquoi ce présent d'un vase de cuivre fait à l'antique, si ce n'est pour nous donner à entendre qu'il faut faire plus d'attention à la matière qu'à la forme ? Et quant à la terre de Rhodes, c'est la vraie terre philosophique, et non aucune autre, qui toutes seraient inutiles à cet œuvre. Les serpents dont il est parlé, ne sont ce pas ceux dont presque tous les livres des Chymistes parlent ? Toute l'histoire de Cadmus, qu'on peut voir dans son article, éclaircira encore mieux cette explication. Il tomba une pluie d'or dans l'île de Rhodes au moment de la naissance de Minerve. Voyez MINERVE, PLUIE D'OR. 

Rhododapné ou Rhoclodendruin. Laurier- rose. 

Rhodomel. Miel rosat. 

Rhodostagma. Eau rosé. 

Rhoe. Sumach. 

Rhoeas. Coquelicot, pavot rouge sauvage. 

Rhua. Voyez RHOE. 

Rhypticum. Médicament détersif. 

Riastel. Sel. 

Riche. Autant en ont les pauvres comme les riches, disent les Philosophes. Ce qui ne doit pas s'entendre des hommes, mais des métaux; c'est-à-dire, que les bas métaux ou les métaux imparfaits ont également, comme l'or et l'argent, ce grain fixe et ce mercure que les Philosophes cherchent. Ils sont plus près dans l'or, l'argent et le mercure, parce que l'or et l'argent sont en effet plus fixes, et que le mercure est lui-même un mercure, ayant aussi ce grain fixe, ou bien ce feu qui fait la vie des métaux.

On conclurait donc mal à propos des expressions ci-dessus que les hommes pauvres possèdent la matière de l'œuvre également comme les riches, et qu'ils sont en état d'en faire les frais et les opérations. Il faut une grande connaissance de la nature, ce qu'on ne peut acquérir sans étude. Il faut se fournir la matière et les vases, et n'avoir pas l'esprit occupé à se procurer les moyens de subsistance journalière, ce qui ne convient aucunement aux gens pauvres. Lorsque les Philosophes disent que la matière est vile, ils la considèrent dans son état de putréfaction et de dissolution en eau, qui est commune à tout le monde. C'est aussi dans ce sens-là qu'ils disent qu'elle ne coûte rien, ou très peu de chose, de même que leur feu, qui est commun, c'est-à-dire, commun à tous les êtres physiques, puisqu'il leur donne la manière d'être, et les y conserve.

Rien. Les Philosophes ont disputé longtemps, et disputeront encore pour déterminer ce que l'on doit entendre par Rien. Dieu a tout créé de rien; c'est le texte sacré qui nous le dit. Le sentiment le plus probable et le plus commun, est tiré de l'étymologie même du terme; rien est ce qui n'a point d'existence. Quelques-uns ont prétendu que ce rien ou non-être est quelque chose relativement à lui-même, et n'est rien quant aux choses créées; à peu près comme le commun du peuple appelle vide tout ce qui n'est pas occupé par un corps palpable et sensible. D'autres disent que ce rien doit s'entendre de la première matière de toutes choses, informe et comme dans le chaos, avant la détermination que Dieu lui a donnée pour devenir telle ou telle chose existante comme elle est, et que c'est dans cette même matière que tous les corps peuvent être réduits. La plupart des Naturalistes semblent le penser, Paracelse entre autres : mais il ne faut pas l'entendre à la lettre; car il ne s'exprime guere ainsi que quand il parle de la solution des corps et de leur putréfaction; et comme les Philosophes Hermétiques donnent le nom de chaos à la matière du grand œuvre, et qu'ils disent que cette matière est celle dont tout est composé; il n'est pas surprenant que ceux qui ne les entendent pas, aient cru que ces Philosophes confondaient leur chaos avec le rien, ou la chose dont Dieu a tout créé. Un grand nombre pensent qu'avant la création, Dieu seul avait existence; qu'il n'y avait ni lieu, ni vide, et que Dieu remplissait tout par son immensité. C'est la façon de penser des gens sensés; car, ou il ne faut point admettre de Dieu, ce qui répugne au sens commun, ou il ne faut rien supposer qui ait existé éternellement avec Dieu; pas même le vide, puisque ce serait un lieu, quoique improprement dit, supposé hors de l'immensité de Dieu; ce qui ne peut exister avec l'idée que nous avons de ses perfections infinies. Ce n'est pas en conséquence de cela que quelques Physiciens modernes admettent le vide dans la nature.

Lorsque les Chymistes disent réduire les corps à rien, on doit l'entendre de l'altération et du changement qu'ils font dans la configuration actuelle des corps soit par la solution ou la calcination.

Il ne faut pas se laisser induire en erreur par la manière de s'exprimer des Philosophes Hermétiques, lorsqu'ils disent que leur matière ne coûte rien; ils font alors allusion à l'état de cette matière réduite en eau par la dissolution. On sait que l'eau ne coûte rien. Ils en disent autant du feu, parce qu'ils entendent alors parler du feu de la matière, le même qui est commun à tous les individus de la nature.

Rillus. Lingotiere.

Risigallum ou Rosagallum. Espèce d'orpiment d'une couleur rouge blafarde.

Rivière. Les Philosophes ont souvent personnifié des rivières, pour en former les symboles de l'eau mercurielle des Sages, et ont dit, comme les Poètes, qu'elles étaient filles de l'Océan. Voyez ACHELOUS , PERSEE .

RIVIERE ALKALISEE . Les Chymistes ont donné ce nom aux fontaines dont l'eau est chargée d'un sel alkali, et disent que cette eau s'imprègne de ces sels en passant par des pierres calcinées naturellement dans la terre. Le système de Bêcher sur l'origine des fontaines minérales, paraît plus vraisemblable; on peut le voir dans sa Physica subterranea.

Robe. Est un des noms que les Philosophes ont donné aux couleurs qui surviennent à la matière pendant les opérations. Ils ont dit en conséquence que leur Roi, leur Reine changent de robes suivant les saisons. Ainsi ROBE BLANCHE est la couleur blanche, qui succède à la noire, appelée ROBE TENEBREUSE celle qui paraît, ou du moins doit paraître dans le cours des opérations philosophiques; car dans la première préparation de la matière crue, on ne doit pas chercher ces couleurs.

ROBE DE POURPRE est la couleur rouge du soufre parfaitement fixé. C'est pourquoi la Fable dit qu'Apollon vêtit une robe de couleur de pourpre, pour chanter sur la lyre la victoire que Jupiter avait remportée sur les Géants. Les Philosophes appellent aussi du nom de Robe les parties terrestres et grossières dans lesquelles sont renfermés l'or vif des Sages et leur mercure; ils disent en conséquence qu'il faut dépouiller les vêtements et les robes de leur Roi et de leur Reine, et les bien purifier avant de les mettre dans le lit nuptial, parce qu'ils doivent y entrer purs, nus, et tels qu'ils sont venus au monde. Basile Valentin.

Robes. Vinaigre.

Robub. Conserve de fleurs ou de fruits.

Rocher. Les Philosophes ont souvent fait allusion à la dureté des rochers pour signifier la fixité de leur matière, et les anciens Sages en ont formé leurs fables, et leurs métamorphoses de plusieurs personnes en rochers : tels qu'Atlas, Polydecte, Seryphe et divers autres, par l'aspect de la tête de Méduse; c'està-dire, par la propriété fixative du grain fixe ou soufre des Sages. Ils ont aussi donné le nom de Rocher à leur vase, par similitude; parce que leurs métaux s'y forment, comme les métaux vulgaires, et l'or particulièrement, dans le roc.

Rohel. Sang de dragon.

Roi. Ce nom a deux sens différons chez les Philosophes. Il s'entend plus ordinairement du soufre des Sages, ou l'or philosophique, par allusion à l'or vulgaire, appelé Roi des métaux. Mais quelquefois ils entendent par le nom de Roi la matière qui doit entrer d'abord dans la confection du mercure, et qui est son premier feu, ce grain fixe qui doit surmonter la froideur et la volatilité de ce mercure. Basile Valentin semble l'entendre dans ces deux sens au commencement de ses douze Clefs. Dans la suite il donne le nom de Roi au soufre parfait, et même à la poudre de projection. On ne saurait, dit-il, remporter la victoire, si le Roi n'a empreint sa force et sa vertu à son eau, et s'il ne lui a donné une clef de sa livrée ou couleur royale, pour être dissous par elle, et rendu invisible. Leur Roi est aussi le même que leur Lion. Quand ils en parlent comme poudre de projection, ils disent que c'est un Roi qui aime tellement ses frères, qu'il leur donne sa propre chair à manger, et les rend ainsi tous Rois comme lui, c'est-à-dire Or.

Rompre. Dissoudre, réduire en poudre ou en eau.

Rorella. Plante connue sous le nom de Ros solis.

Rosagallum. Voyez RISIGALLUM .

Roacod. Vinaigre.

Rose. Les Fables disent que la fleur appelée rosé fut consacrée à Vénus, parce qu'une épine de rosier blessa cette Déesse dans le temps qu'elle accourait au secours d'Adonis qui se mourait, et que son sang teignit en rouge cette fleur qui jusque-là avait été blanche. Cette fable se trouve expliquée dans le liv. 3, ch. 8 et le liv. 4, ch. 4 des Fables dévoilées. Elle ne signifie autre chose que le changement de la couleur blanche de la matière philosophique en couleur rouge, par la jaune intermédiaire appelée Vénus. On trouve même souvent dans les livres des Philosophes, la rosé comme symbole des couleurs rouge et blanche. Abraham Juif, dans Flamel, feint un rosier garni de rosés blanches et rouges, planté sur le sommet d'une montagne, où les vents soufflent avec violence. Ainsi leur rosé blanche est leur matière parvenue à la couleur blanche, et leur rosé rouge est leur soufre aurifique.

ROSE MINERALE est l'or philosophique.

ROSE se prend quelquefois pour le tartre, selon Rulland.

ROSE DE VIE . C'est, suivant Manget, une liqueur faite avec l'eau-de-vie et la teinture de l'or très-pur, extraite par l'esprit de sel, le tout mêlé ensuite avec le sel de perles.

Rosée. Plusieurs Chymistes ont regardé la rosée des mois de mai et de septembre comme la matière de l'Œuvre Hermétique, fondés sans doute sur ce que plusieurs Auteurs ont avancé que la rosée était le réservoir de l'esprit universel de la Nature. François du Soucy, Sieur de Gerzan, en fait un si grand éloge dans son Traité qui a pour titre : le Projet de la Création du Monde, qu'il semble vouloir insinuer qu'en vain voudrait-on prendre une autre matière pour faire l'œuvre Hermétique. Beaucoup d'autres paraissent dans le même sentiment; mais quand on médite sérieusement sur les textes des vrais Philosophes, dans lesquels ils parlent de rosée, on est bientôt convaincu qu'ils n'en parient que par similitude, et que la leur est une rosée proprement métallique, c'est-à-dire, leur eau mercurielle sublimée en vapeurs dans le vase, et qui retombe au fond en forme de rosée ou de petite pluie. Ainsi quand ils parlent de rosée du mois de mai, c'est celle du mois de mai de leur printemps Philosophique, sur lequel domine le signe des Gémeaux de leur Zodiaque, différent du Zodiaque comme on peut le voir dans; l'article Zodiaque. Philalèthe a même dit positivement que leur rosée est leur eau mercurielle au sortir de la putréfaction. ROSÉE ou ROSÉE CÉLESTE . Mercure des Philosophes.

ROSÉE SOLAIRE . Voyez PLUIE D ' OR .

Rota. Colofone.

Rotation. Voyez CIRCULATION .

Rotengenius. Colofone.

Rôtir. Voyez CUIRE .

Roue. Suite des opérations de l'Œuvre Hermétique. Tourner la roue, c'est observer le régime du feu. Faire la circulation de la roue, c'est recommencer les opérations, soit pour faire la pierre, soit pour la multiplier en qualité. La roue élémentaire des Sages est la conversion des éléments Philosophiques, c'est à dire, le changement de terre en eau, puis d'eau en terre; l'eau renferme l'air, et la terre contient le feu. Voyez CONVERSION .

Rouge. Terme de l'Art Hermétique, qui signifie le soufre des Philosophes.

ROUGE SANGUIN . Magistère parvenu par la cuisson à la couleur de pourpre.

Rougeur. Même chose que rouge.

Rougir. C'est cuire et digérer la matière de l'œuvre jusqu'à ce qu'elle ait atteint la couleur de pavot des champs.

Rouille. Couleur de rouille de fer que prend la matière avant que de parvenir à la couleur pourprée. C'est pourquoi les Philosophes ont donné le nom de Mars à cette couleur, dont la durée est, selon eux, le temps du règne de ce Dieu. C'est pour cela que Basile Valentin dit que Vénus donne à Mars la couronne royale, pour que le Soleil la prenne de ses mains.

Rubella. Liqueur spiritueuse et dissolvante, propre à tirer la teinture des corps. Telles sont l'esprit de Vénus, et l'alkaest de Paracelse et de Van-Helmont, plus particulièrement que tous les autres menstrues dissolvants.

Rubification. Continuation du régime Hermétique au moyen duquel on parvient à faire passer la matière de la couleur blanche à la rouge.

Rubifier. Rendre rouge. V. RUBIFICATION .

Rubinus Sulphuris. Baume de soufre.

Rubis. Magistère au rouge parfait. RUBIS PRECIEUX . Poudre de projection.

Rumex. Espèce de patience dont le suc est rafraîchissant, et dont on donne la racine à sucer à ceux qui ont soif. Blanchard.

Ruptorium. Caustique, pierre infernale.

Rusangi, )

Cuivre brûlé.

Rusatagi.)

Ruscias. Mercure.

Ruse. Les Philosophes emploient la ruse pour cacher le secret de leur Art, et faire prendre le change aux ignorants. Ils ont affecté pour cet effet de ne s'expliquer que par des termes métaphoriques, par des équivoques, des énigmes, des allégories et des fables. Ils confondent dans leurs écrits le commencement et la fin, et communément ils parlent de la première préparation philosophique comme si c'était en effet celle par laquelle on doit d'abord commencer, quoiqu'il y ait une préparation manuelle de la matière crue, dont ils ne parlent point, ou n'en font mention que sous le terme de sublimation du mercure. Elle est cependant si nécessaire, que sans elle on ne peut réussir. Ils donnent cent noms différons à la même chose, et rien, dit Morien, n'a tant induit en erreur les curieux de cette Science. V. MATIERE . Souvent ils insèrent à dessein des espèces de contradictions, qui n'en sont pas pour ceux qui sont au fait, mais qui dégoûtent beaucoup ceux qui veulent étudier leurs ouvrages. L'un dit qu'il ne faut prendre qu'une chose, l'autre dit qu'il en faut nécessairement deux, l'autre trois; et ils ont raison, quoiqu'ils paraissent contraires, parce que le premier entend cette unique chose de leur mercure; le second, de leur mercure animé ou rebis; et le troisième, de leurs trois principes renfermés dans ce mercure, savoir le sel, le soufre et le mercure, ou l'esprit, l'âme et le corps. Leur chose unique est le premier principe des métaux, ou leur semence; les deux choses sont, dit Trévisan, deux substances mercurielles extraites de la même racine; et les trois choses sont les deux extrêmes et le milieu qui sert à les réunir, qu'ils ont appelé médium conjungendi tincturas, poculum amoris, etc.

S.N. Signifie selon la nature.

S. Seule veut dire la moitié du poids des ingrédients, indiqué auparavant.

 

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