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LE VRAI SEL DES PHILOSOPHES
Leo
Ireneus
Le Sel des Philosophes. A l’arrière plan, le creuset dans lequel il sera manipulé et à droite, le flacon avec son bouchon contenant une pastille anti-humidité, et qui sert à conserver le sel avant son utilisation.
Le sel des philosophes est dans sa forme première et la plus courante, une terre
feuillée de couleur grisâtre et d’un poids léger. Son extraction est assez délicate
et il faut du temps pour en récolter une quantité appréciable.
Dans « l’hydrolitus sophicus seu
aquarium sapientum « , il est dit que
la production du sel se fait par « cette
conjonction, par l’union des deux eaux, celle du mercure et celle du soleil »
En effet, le sel naît dans le premier œuvre, de l’union du soufre et du mercure,
donc d’une véritable copulation chymique. Élie Charles Flaman n’écrit – il pas
dans son « Érotique de l’alchimie « que « le Grand Œuvre a pour but
un enfantement matériel « ? Ménababus dit très clairement que : « Celui
qui ajoute le Mercure au corps de la Magnésia, et le Mâle à la Femelle, extrait la
nature cachée avec laquelle les corps seront colorés ».
Le rôle du sel, le troisième intervenant dans l’œuvre alchimique est considérable,
pour ne pas dire capital. Certains Philosophes le considérant même comme la Première
Matière de l’œuvre. Car c’est de sa manipulation par le feu et au creuset, qu’on
obtient la Pierre Philosophale, nécessaire
à l’obtention de l’Élixir final, et de la Poudre de projection.
La confection du vrai sel des Philosophes se fait grâce à un secret artifice qui gît
principalement dans la préparation du vitriol qui servira à sa précipitation au fond du
vase.
Cette préparation n’a jamais été dévoilée en termes clairs, l’Alchimie étant,
comme l’a si bien dit Jacques Sadoul dans
son « Trésor des Alchimistes » une Science
traditionnelle, secrète, et initiatique.
Avant son extraction définitive et sa coction, ce sel , d’après la qualité du
vitriol ,peut être d’aspect cotonneux et huileux ,ou prend d’autres formes comme le
montre Cyliani dans son « Hermès dévoilé
« . A part que l’aspect fixe et alcalin dont il parle a rapport au sel préalablement
manipulé au creuset.
Notons qu’avant que cette « eau sèche qui ne mouille pas les mains « prenne
de la consistance lors de son séchage, elle présente des grains brillants lorsqu’on
l’expose à la lumière. D’où sa dénomination de « régule étoilé ».
Si le sel n’est pas immédiatement utilisé, il est préférable de le garder dans
un flacon à
l’abri de l’humidité.
Pour lui ôter, ou du moins atténuer l’odeur puante qui se dégage lors du début
du travail au creuset, il faut , d’après notre propre expérience, purifier la terre
adamique avec de l’eau mercurielle .Si cette purification est longue, le sel prend
un aspect jaune et de ce fait ressemble à du soufre commun.
La manipulation du sel philosophique se fait essentiellement au creuset par voie sèche.
Ce travail très ardu qui implique une bonne connaissance des degrés du feu à appliquer
à la matière, a dégoûté plus d’un Artiste. Jusqu’au « blanc » , le
travail est relativement « facile ». Mais continuer jusqu’au « rouge »
demande une dose infinie de patience et de ténacité. Concernant justement cette
manipulation, et même l’œuvre tout entière, il n’est pas superflu de méditer ces
paroles de Rosarius cité dans « Le Traité d’Or de la Pierre des Philosophes » : « Je
ne conseille à personne de s’engager dans la recherche de cet art à moins qu’il
n’est la connaissance du commencement de la vraie nature et de son ordonnance ; et
lorsqu’il possède cette connaissance, il n’a besoin de rien de plus que cette Unique
Chose, et cela ne demande pas grande dépense. Car ce n’est rien de plus qu’une
pierre, un remède, un flacon, un ordre et une préparation. »
Au fur et à mesure de son élaboration, la Pierre devient de plus en plus lourde.
Les couleurs que prend la matière marquent chaque étape de son évolution. Elle
devient d’abord noire, puis grise , avant de se parer d’un blanc éclatant . On
peut alors s’arrêter là et débuter la réalisation de l’œuvre au blanc, ou élixir
au blanc. La poudre de projection se fait à cette étape avec de l’argent
commun.
Sinon on peut continuer à cuire la matière en augmentant progressivement les degrés
du feu. Les couleurs que nous vîmes nous-mêmes, vont
et viennent avec une persistance de bleu. Elles finissent par se fondre dans un vert
profond. Ensuite viennent la couleur jaune, l’orangé ,et enfin la rouge, récompense
d’une volonté sans faille. Le chemin vers l’Élixir final est alors ouvert.