Par Léo Iréneus
S’il est vrai que l’alchimie est avant tout un art opératif, l’élaboration de la Pierre Philosophale est vaine, si la finalité que l’on recherche ne concerne pas la transformation de l’alchimiste lui-même.
Concernant le volet physique de la fabrication du Joyau des joyaux, nous pouvons le résumer en quelques lignes, sans oublier qu’en pratique, la mise en œuvre est très ardue. Ainsi par un secret artifice et grâce à un certain médium, on génère un minerai. Cette phase essentielle de l’œuvre que Cambriel appela « l’ouverture du mâle philosophique », est parfaitement décrite par la gravure fameuse du Lion Vitriolique dévorant le soleil et dont la bave coulante, se coagule sur le sol. Le minerai ainsi généré est rendu ensuite huileux. Cette huile blanche ou rouge est celle qu’on appelle la Pierre des Sages.
Lorsqu’on est donc aux prises avec la Matière et le Feu, puisse que d’après les philosophes, eux seuls suffisent, on se rend compte que la Nature n’évolue et ne s’élabore que très lentement et ensuite avec une grande force, dévoilant peu à peu les rythmes nécessaires à sa transformation radicale. C’est ce que nous révèle le Laboratoire. La nécessité de l’Oratoire est patent, car symbole du Sanctuaire Intérieur, il est le lieu de la refonte et de la renaissance de l’Etre de l’opérateur. Ayant donc trouvées les lois inscrites par DIEU DANS LA Matière(les fameuses Tables de la loi de Moïse), il faut pouvoir les appliquer à soi. En suivant pas à pas toutes les étapes révélatrices du Laboratoire, on aura soin de trouver leurs contreparties spirituelles, si l’on peut ainsi s’exprimer, se prenant soi-même comme sujet de l’alchimique élaboration.
Pour cela on prendra comme Matière Principale l’être véritable, essentiel, la racine, le germe de toute cette « structure » appelée l’Homme. Pour trouver ce germe, il faut comme le préconisait Basile Valentin, Visiter l’intérieur de la Terre et en Rectifiant, trouver la Pierre occulte, véritable Médecine. Dans cette phrase se dissimule le nom de l’énigmatique dissolvant universel des Sages, le VITRIOLUM qui permet d’extraire l’OLEUM (Occultum Lapidem Est Veram Médécinam) que certains, dans leurs extases lyriques appellerons l’Huile du CHRIST. Donc, par un lent mouvement de descente intérieure, on arrive à extraire doucement notre vraie Nature. Mais avant cette descente, l’artiste grâce à une étude approfondie des Mystères, a pu élever sa compréhension aussi loin qu’il le pouvait, en maintenant par le Feu Secret de sa volonté, sa conscience à un niveau vibratoire élevé, sans que les perturbations extérieures ou Feux de cuisson, ne le déconcentrent. La première œuvre ne peut débuter que lorsque l’Esprit céleste redescend sur l’opérateur pour une auto fécondation, réalisant ainsi le Baptême Mystique. L’embryon Spirituel ainsi généré, aura besoin de silence et de solitude. Les illusions du monde profane se dissoudront dans les processus de l’œuvre au noir. C’est la « nuit obscure » de Saint Jean de la croix, nuit obscure dont la longueur est variable selon la « dureté » de l’ego à brûler. Nuit terrible pendant laquelle chimères et gargouilles veulent ravir l’âme du prétendant. L’effort fait pour garder la conscience fixée sur DIEU et de la garder à ce niveau vibratoire est terrible. Le Feu Humide est l’un des plus brûlants mais nécessaire à la volatilisation et au dégorgement du fixe, qui grâce à sa force blanchit. L’antique « serpent » de tous nos refoulements, tapi dans notre subconscient remonte. Il porte sur son front l ‘étoile que recherchent les pèlerins de Compostelle, l’étoile blanche et radiante, portant le « G » sur lequel se fichera la première pointe de la fixation de la conscience en germination, qui commence à révéler les Plans du Grand Architecte, enfouis en elle.
La lumière intérieure qui irradie dans la conscience de l’Artiste, est la première récompense de sa ténacité et est annonciatrice de l’œuvre au blanc. La flamme de la divine Intuition, s’allumera alors sur le bois de sa volonté et dissipera les ténèbres autour de Lui.
A cette étape, il pourra sans crainte se réouvrir au monde extérieur, comme Noé qui lâcha la colombe le quarante et septième jour après le déluge et qui lui ramena un rameau d’Olivier.
L’Alchi-Myste fera profiter à tous de sa lumière intérieure, dénouant le nœud Gordien de l’existence des nombreuses âmes dont les lampes intérieures sont éteintes faute d’ « huile sainte », à l’image des cinq vierges folles de la Parabole. Il suscitera de nombreuses vocations, guérira bien de cœur douloureux, en ayant toujours soin de cultiver et de préserver la Lumière en Lui, renouvelant l’ « huile de sainteté » dans la lampe de son cœur, par la véritable Pierre qui est de toujours regarder DIEU en face. Ainsi, lorsque l ‘Epoux annonciateur de l’œuvre au rouge arrivera, il pourra rentrer avec lui dans la maison nuptiale. A cette étape le régime de Feu est véritablement celui de l’Amour le plus intense. L’Amour, le plus grand des commandements, la vibration de la vie, embrasera tout l’être, déployant les multiples couleurs de sa générosité, de son infinie abondance, comme une queue de paon. Que peut-on dire de la dernière étape, lorsque la Pierre de la conscience devient rouge rubis, après une ultime coction de ses parties les plus intimes dans le plus dévorant des Feux de la Saint Jean d’Amour ? Qui pourrait expliquer pourquoi, après être né de ses cendres, l’Oiseau Phénix va vivre au cœur du Soleil Rouge ? Aucun mot ne saurait décrire l’étape finale de la totale réintégration. Seuls ceux et celles qui voudront suivre jusqu’au bout le chemin du « JE SUIS », qui est celui de la Vérité qui conduit à la vie éternelle, sauront quel est l’ultime secret de l’univers. C’est à cette Gnose éternelle que vous invite la chimie mystique ou Alchimie qui, si vous vous en montrez digne, vous ouvrira les Portes de son Laboratoire et de son Oratoire.